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ORL et Stomatologie

Publié le 16 juin 2010Lecture 3 min

Et les oreillons réapparurent…

Dr Jack Breuil
Ce sont des dizaines de nouveaux cas qui ont été enregistrés l’année dernière à Jérusalem (1). Mais, en vérité, des épidémies tout aussi importantes et, parfois plus, ont (re)fait leur apparition un peu partout, aux Etats- Unis, en République Tchèque, en Irlande, en Angleterre ou ailleurs…
En l’occurrence, C. Stein-Zamir et coll. signalent 107 cas à Jérusalem, concernant principalement des étudiants de sexe masculin âgé d’une quinzaine d’années en moyenne ; quarante écoles (religieuses) ont été touchées et des cas secondaires sont survenus à la maison presque une fois sur quatre. Les tableaux cliniques, très classiques, étaient ceux de parotidites uni ou bilatérales ; un patient de 19 ans a été hospitalisé pour orchite. Les diagnostics ont été faits par sérologie et/ou PCR, et le virus a été caractérisé : virus ourlien de génotype G5. Il a été noté enfin que plusieurs malades avaient eu des contacts avec des homologues new-yorkais, dont des victimes de l’épidémie qui, justement, continue de sévir là bas… Jérusalem, certes, mais ailleurs aussi donc, et aucune région du monde ne semble devoir être épargnée par le grand retour des oreillons. Que se passe t-il avec cette infection infantile éminemment vaccinable et pour laquelle l’immense majorité de la population s’imagine protégée ? Nouveau virus, vaccin défectueux ou autre ? Début de réponse grâce à l’étude américaine d’A. Barskey et coll., d’Atlanta, proposée à ce même congrès, qui ont réévalué la couverture vaccinale et les taux d’infections dans plusieurs groupes de population aux Etats-Unis (2). Il est apparu que, parmi les groupes les plus affectés, celui des étudiants de 18-24 ans du Middle West rural, 89 à 99 % avaient reçu deux doses de vaccin. Or, et c’est une particularité locale, les militaires reçoivent souvent, à l’embauche, une troisième dose vaccinale ; et justement, dans ce sous groupe particulier de militaires, l’incidence moyenne de l’infection n’était que de 2,2/100 000, et aucune épidémie n’a déferlé chez ces sujets depuis 1998. Les auteurs en déduisent qu’il se pourrait bien que l’immunité vaccinale s’estompe lors des périodes de faible circulation virale, rendant à nouveaux sensibles des pans entiers de population. Les portes de l’Acropolis de Nice à peine fermées, les Hollandais enfonçaient le clou avec un article au titre éloquent paru dans Eurosurveillance « Ongoing mumps outbreak in a student population with high vaccination coverage » Netherlands 2010. Mais alors, décidément, que faire ? A. Barskey suggère de copier volontairement les militaires puisqu’une troisième dose pourrait être utile et efficace pour remplacer ce virus sauvage qui ne circule pas assez. S’il a raison, il faut se dépêcher de la proposer puisque tout indique que, justement, le virus sauvage pourrait être en train de reprendre le rôle d’immuniseur naturel boosteur de la vaccination qui était le sien il y a quelques décennies, au prix de quelques milliers de nouvelles victimes…

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