Publié le 17 sep 2006Lecture 3 min
Allergie au lait de vache : la voie des thérapies immunologiques
Dr Odile Biechler
Dresde – ESPGHAN.
L’allergie aux protéines du lait de vache persiste au-delà de 6 ans chez 20 % des enfants concernés. Comme en témoignent deux études portant sur la désensibilisation sublinguale et les effets immunologiques d’un probiotique, les voies de recherche s’orientent aujourd’hui vers les thérapeutiques immunologiques.
L’allergie aux protéines du lait de vache persiste au-delà de 6 ans chez 20 % des enfants concernés. Comme en témoignent deux études portant sur la désensibilisation sublinguale et les effets immunologiques d’un probiotique, les voies de recherche s’orientent aujourd’hui vers les thérapeutiques immunologiques.
Une équipe française a sélectionné 6 garçons et 2 filles âgés de 6 à 17 ans qui présentaient une allergie au lait de vache médiée par les IgE et leur a fait passer en ouvert 2 tests de provocation afin de déterminer la dose de lait nécessaire au déclenchement des manifestations allergiques, avant désensibilisation et 6 mois plus tard. Pendant cette période de 6 mois, une petite dose de lait de 0,1 à 1 ml était placée sous la langue tous les jours. Lors du premier test, la dose déclenchante moyenne était égale à 39 ml. Un patient a abandonné l’étude à 5 mois du fait d’un prurit de la langue lors de l’immunothérapie, mais aucun effet secondaire ne s’est manifesté chez les 7 autres enfants. Lors du second test, cette dose avait augmenté à 143 ml (p<0,01). Chez 4 enfants, le régime alimentaire a pu être normalisé, avec une période d’observation de 6 à 10 mois. Chez 2 autres sujets, la dose déclenchante était passée respectivement de 8 à 93 ml et de 14 à 44 ml. Chez le dernier participant, dont la compliance n’était pas bonne et qui pratiquait l’immunothérapie de façon irrégulière, la dose déclenchante est restée identique. Enfin, les IgE spécifiques à la caséine ont diminué chez 5 enfants et augmenté chez un autre. La désensibilisation sublinguale par le lait a donc permis d’augmenter la dose déclenchante de l’allergène et, soit de conférer une protection contre de graves réactions à de petites quantités de lait, soit d’autoriser le passage à un régime alimentaire normal chez la moitié des enfants de l’étude. Il s’agit là d’une technique simple, sans effet secondaire grave, qui mérite de plus amples investigations. Une autre méthode à visée thérapeutique, l’ingestion du Lactobacille casei/paracasei, améliorerait les manifestations cliniques de l’allergie au lait de vache chez les enfants. Dans une étude randomisée en double aveugle portant sur les effets immunologiques de ce probiotique, 50 enfants de moins de 18 mois présentant une dermatite atopique au lait de vache ont reçu quotidiennement pendant 3 mois un mélange de 3 souches de ce lactobacille ou un placebo. La symptomatologie clinique s’est améliorée dans les 2 groupes mais une diminution statistiquement significative du score de SCORAD (Scoring Atopic Dermatitis), outil d’évaluation de la gravité de la dermatite atopique n’a été constatée que dans le groupe lactobacille, accompagnée d’une baisse des taux d’IgE totales au cours des 8 mois d’observation, contrairement au groupe placebo. La seule différence significative entre les taux sériques des cytokines analysées concernait l’interleukine-18 qui conservait le même taux dans le groupe lactobacille mais diminuait dans le groupe placebo. L’amélioration clinique constatée chez ces enfants allergiques dépendrait donc de l’activation immunitaire anti-allergique par les cytokines pro-inflammatoires, en particulier l’IL-18 qui semble jouer le rôle le plus important.
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