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Néonatologie

Publié le 29 jan 2025Lecture 5 min

SFMP 2024 : interdisciplinarité et citoyenneté - GREEN : quelles recommandations en soutien de la bientraitance en périnatalité ?

Laura BOURGAULT, Nantes, d’après la communication de P. Khun (néonatologue, hôpitaux universitaires de Strasbourg)

Zoomons ensemble sur les principales recommandations rédigées par le Groupe de réflexion et d’évaluation de l’environnement des nouveau-nés (GREEN) de la Société française de néonatologie (SFN), en soutien de la bientraitance en périnatalité.

En parlant de bientraitance en périnatalité, nous convoquons ici la notion d’approche respectueuse envers les personnes vulnérables. « Qui de plus vulnérable qu’un nouveau-né prématuré, hospitalisé en néonatalogie, limité dans ses capacités d’expression et dans son autonomie, entièrement dépendante de l’attention et des soins qui lui sont prodigués par ses parents ou ses équipes ? », interroge P. Khun. Comme le définit l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la bientraitance relève de cette approche cruciale pour garantir des soins de qualité, de respect et de sécurité. Le tout dans une démarche collective menée pour identifier le meilleur accompagnement possible pour l’enfant, dans l’adaptation la plus juste quant à ses besoins et à ceux de ses parents. Des notions qui font écho au travail mené par le GREEN, groupe transdisciplinaire créé en 2012 composé de pédiatres, de sages-femmes, de puéricultrices, de kinésithérapeutes, de représentants de la Société d’hygiène hospitalière, en coconstruction avec les associations d’usagers (SOS Prema, CIANE).   Inconfort, douleur, stress   Le manque de bientraitance peut exposer les nouveau-nés hospitalisés aux menaces suivantes : – un environnement dystimulant ; – le stress et l’inconfort ; – la douleur liée aux soins ; – la séparation d’avec ses parents ; – les risques de troubles du neurodéveloppement. Pour la mère, le coparent et la famille, il s’agit de : – la douleur et l’inconfort liés aux soins ; – la séparation d’avec leur enfant ; – le stress et l’anxiété liés à l’hospitalisation ; – la dépression du postpartum dont le risque augmente en cas d’hospitalisation du nouveau-né ; – le stress post-traumatique. Pour ce qui concerne les situations de soins inappropriés du nouveau-né, « un terme que je préfère à celui de maltraitant », souligne P. Khun, il va s’agir de : – la non-prise en compte des besoins physiologiques, sensoriels et développementaux des bébés ; – la prévention et le traitement imparfait de la douleur associée aux soins ; – la séparation d’avec les parents ; – le non-respect des attentes/ besoins des parents et des nouveau-nés hospitalisés.   Un rationnel neuroscientifique   Trois lignes directrices sont à considérer dans cette prise en soins particulière : – pendant la période du 3e trimestre de la grossesse jusqu’aux 1 000 premiers jours, l’environnement sensoriel peut moduler le développement cérébral. Cette période est corrélée à celle de l’hospitalisation des bébés et différentes phases de leur neuro développement, notamment la synaptogenèse ; – l’environnement peut avoir un impact épigénétique et modifier ainsi l’expression des gènes. Un environnement stressant et dystimulant favorise donc une altération de l’expression génétique, alors qu’un environnement adapté aux nouveau-nés et à la famille soutient la trajectoire de développement en néonatalogie ; – rappelons-nous que l’on se construit en tant qu’être humain par l’attachement et les interactions sociales nécessitant une proximité, une absence de séparation entre les parents et le bébé, une réaction adaptée de la part des parents impliquant une compréhension du comportement. À ce jour, les neurosciences et la psychologie du développement l’ont très bien montré : les heures cruciales postnatales sont marquées par des événements neuroendocriniens et neurohormonaux qui induisent des activations spécifiques dans le cerveau des bébés et des parents, médiés par l’ocytocine.   Que disent les recommandations ?   Pour rédiger ses recommandations, le GREEN a travaillé sur l’environnement physique de l’hôpital, et sur le micro-environnement, c’est-à-dire toutes les interfaces des soins avec le bébé. Le GREEN s’est également appuyé sur le vécu des parents via un questionnaire conçu par le CIANE (Collectif interassociatif autour de la naissance). Sur l’environnement physique, les questions abordées par le GREEN étaient les suivantes : l’environnement lumineux, l’architecture, les chambres familiales, l’impact des ondes électromagnétiques, l’environnement chimique (phtalates). L’accès à la famille, la visite centrée sur la famille, la bien-traitance par le soutien des soignants, la sortie de l’hôpital et l’accompagnement au domicile ont aussi fait partie des points interrogés. Concernant le micro-environnement, plusieurs stratégies de soins en développement ont été observées : le portage du nouveau-né en peau-à-peau, le soutien postural, l’hygiène, les topiques en néonatalogie et le sommeil. Les recommandations du GREEN sont consultables en ligne sur le site de la Société française de néonatalogie (SFN). Voici quelques-unes d’entre elles : – le soutien de la pratique du peau-à-peau la plus précoce et la plus continue possible est recommandé. Elle doit être immédiate pour les bébés nés prématurés et les petits poids de naissance. Une position corroborée par l’avis publié par l’OMS sur le sujet le 15 novembre 2022. L’attention aux besoins de la famille vise aussi à soutenir leur santé mentale, l’hospitalisation étant un moment particulièrement stressant pour des parents souvent confrontés à la culpabilité de ne pas avoir mener la grossesse à terme. Il faut favoriser : – l’accomplissement de soi en permettant aux parents de participer aux soins et aux décisions ; – l’estime de soi en valorisant les parents en tant que soignants, sans jugement ; – l’appartenance et l’amour en créant un accès facile et non limité à l’enfant, en installant le couple et l’enfant dans des chambres familiales et en facilitant l’accompagnement par les proches s’il est souhaité ; – le sentiment de sécurité en créant un environnement soutenant avec une information régulière et un accompagnement dans les premiers soins ; – la satisfaction des besoins physiologiques en donnant le temps et l’espace aux parents pour se restaurer, se laver et respecter les moments relevant de l’intimité.   Conclusion   • Pour s’ajuster aux besoins du bébé, il faut comprendre ses besoins sensoriels. • Les soins doivent être centrés sur la famille par l’observation des soins individualisés du nouveau-né. • Les soignants doivent considérer les parents comme partenaire des soins et faire une place aux expériences et aux compétences parentales. • Associer les parents aux soins s’avère très efficace sur la qualité de la prise en charge en néonatalogie. • La zéro-séparation, le soutien du neurodéveloppement, la santé mentale des parents, l’accompagnement à la sortie d’hospitalisation et le soutien des soignants sont également liés à la qualité des soins, ainsi qu’au respect de la vulnérabilité des nouveau-nés hospitalisés en néonatalogie et de leurs parents.

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