Publié le 25 avr 2024Lecture 3 min
La rougeole re-revient
Benjamin AZÉMAR, rédacteur en chef
Nous avons tous reçu début avril deux messages successifs de la Direction générale de la santé (DGS)(1,2), faisant eux-mêmes suite au bilan 2023 de surveillance de la rougeole publié par Santé publique France(3) : c’est l’occasion de regarder dans le rétroviseur et d’en dire quelques mots.
On apprend dans ce dernier bulletin que 117 cas de rougeole ont été déclarés l’année dernière, ce qui représente une augmentation assez nette après deux années de faible circulation postCovid (une quinzaine par an en 2021-2022). Plus de la moitié de ces cas (64) correspondent à un unique foyer constitué essentiellement de collégiens, avec pour point de départ un cas importé d’Indonésie chez un enfant non vacciné. Par la suite, de nombreux collégiens bien vaccinés ont été contaminés, ce qui pourrait faire parler certains esprits sceptiques ; mais le bulletin apporte sur ce point quelques précisions intéressantes :
- le taux d’attaque était incomparablement plus faible chez les vaccinés (6 %) que chez les non-vaccinés (100 %) ;
- la sévérité était également bien moindre, aucune complication ni hospitalisation n’étant relevée chez les vaccinés ;
- enseignement supplémentaire : chez les vaccinés, le nombre de cas était plus élevé chez ceux qui avaient reçu leur première dose avant 12 mois, recommandation en vigueur à la naissance de ces collégiens (pour ceux qui étaient gardés en collectivité) mais abandonnée depuis.
Autre information du bilan 2023, la circulation internationale du virus reprend également, et nous touche même directement, puisque 99 des 117 cas déclarés sont en lien avec une importation possible de l’étranger. Il ressort de tous ces éléments que notre couverture vaccinale, même optimisée par la mise en place de l’obligation, ne nous dispense en aucun cas d’une veille active, avec la mise en place rapide des mesures de détection, de déclaration et d’éviction chez nos patients, dès le stade de la suspicion.
L’histoire aime se répéter, notamment celle de la lutte contre les maladies infectieuses. Si l’on prend un peu de recul, les 1 500 cas de rougeole déclarés chaque année au cours de la période 2016-2019 (avant Covid donc) peuvent par exemple nous rassurer sur la situation actuelle… ou nous inquiéter sur sa probable évolution.
Et que dire de la décennie précédente, au cours de laquelle on entendait encore qu’une meilleure couverture vaccinale « pourrait faire disparaître » cette maladie ? Interne à l’époque, je me souviens de l’air incrédule d’un sénior nous invitant à venir voir avec lui une probable rougeole, tout en disant qu’il avait presque oublié à quoi ressemblait cette éruption… Les bilans de l’époque montraient bel et bien que ce bel objectif s’éloignait, et l’obligation vaccinale aura donc été une réponse sanitaire adaptée. Pour éclairer ce dernier point, le rapport d’activités 2016 de la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires)(4) contient une petite pépite, p. 115 et suivantes : Lucie Guimier nous y décrit la progression épidémique de la rougeole à partir de 2008, et ses liens avec la défiance vaccinale de l’époque – celle d’aujourd’hui n’ayant rien à lui envier. À lire sans modération, afin d’enrichir notre culture médicale et sociétale !
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