Publié le 11 oct 2022Lecture 3 min
Les régimes végétariens ou végans, inadaptés pour les femmes enceintes
Denise CARO, Boulogne-Billancourt
Le congrès de la SFP, ou plus exactement le congrès des sociétés, s’est tenu début juin à Lille. Comme tous les 4 ans il réunissait outre la Société française de pédiatrie, l’Association française des pédiatres ambulatoires (AFPA R&D) et différentes sociétés de spécialités pédiatriques qui ne dépendent pas de la SFP. Un congrès quadriennal et intégral dont nos envoyés spéciaux ont retenu quelques communications marquantes.
L'affaire ne date pas d’aujourd’hui. Dans la pré - histoire, les hommes étaient végétariens par nécessité. Ensuite ils le furent parfois par éthique pensant que l’homme pouvait se réincarner en animal. Beaucoup plus récemment, la prévention des maladies cardiovasculaires et la protection de la planète (et des animaux) sont devenus les principales motivations de l’adoption d’un régime sans viande. La France est assez peu touchée par le phénomène avec 2 % seulement de végétariens. Pour autant la question des conséquences sur le développement foetal d’une mère végétarienne, végétalienne ou végane mérite d’être considérée, ces régimes spéciaux étant majoritairement adoptés par les femmes jeunes, urbaines et de CSP (catégorie socio-professionnelle) élevé, susceptibles d’être enceintes. Rappelons que, pendant la grossesse, une femme a besoin de davantage de calories, protéines, lipides, fer, calcium et vitamines. En suivant un régime végétalien ou végan (exclusion de tous les produits d’origine animale) ou végétarien (exclusion des aliments issus d’animaux morts), la femme enceinte court un risque de carences. L’une des principales concerne la vitamine B12 qui n’est pas présente dans les végétaux. Près de deux tiers des futures mères ont des apports insuffisants(1), avec, pour leur futur enfant, un risque d’anémie, de ralentissement de la croissance, de troubles du comportement (voire de convulsions) et de symptômes cutanés.
Un déficit en fer est possible du fait de la moins bonne absorption du fer non héminique des végétaux, le risque étant une anémie ou un retard de développement. De même, des apports iodés insuffisants chez les végans peut avoir des répercussions sur le développement cérébral du foetus. Enfin, les adeptes du régime végan ont, plus encore que les femmes de la population générale, des apports insuffisants en acide alpha-linolénique, précurseur du DHA (indispensable au bon fonctionnement des neurones et du système immunitaire). Il importe de bien connaître ces déficits d’apports en cas de régimes spéciaux afin de les compenser par une supplémentation adaptée durant la grossesse. En pratique, les conséquences du régime végan sur les enfants à naître sont difficiles à appréhender du fait de la diversité des facteurs susceptibles d’intervenir (alimentation, supplémentation, tabac, alcool, âge, IMC, etc.). Les études ne montrent pas d’augmentation de la prématurité(2). Quelques travaux signalent une élévation du risque d’hypospade ou de cryptorchidie chez les garçons nés de mères végétariennes(3), consommatrices de produits à base de soja(4) et une diminution du risque quand les mères mangent bio(5). Quant aux répercussions sur le développement psychomoteur et cognitif, la multiplicité et l’intrication des facteurs impliqués (QI maternel et niveau social, en plus de ceux déjà cités) ne permettent pas de conclure. Au total, les régimes spéciaux excluant certains aliments ne sont pas indiqués pendant la grossesse et l’allaitement. Les jeunes femmes végétariennes ou véganes doivent en être in formées. Si toutefois, elles persistent dans leur choix, il est nécessaire de mettre en place des compensations nutritionnelles adaptées.
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