Publié le 09 juin 2022Lecture 3 min
La mortalité infantile a augmenté de 7 % entre 2012 et 2019 en France - Constat et pistes de réflexions
Bertrand CHEVALLIER, Boulogne-Billancourt
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Les résultats publiés dans le journal le Lancet témoignent de l’importance d’approfondir la recherche des causes précises de ces 1200 décès par excès observés chaque année en France avant l’âge d’un an.
Les Nations unies ont fixé comme l’un de leurs objectifs prioritaires l’élimination des décès évitables d’enfants d’ici à 2030. La grande majorité des décès pédiatriques survenant au cours de la première année de vie, on utilise le taux de mortalité infantile pour suivre la progression vers cet objectif. Dans certains pays avec des économies avancées comme la Finlande et la Suède, la réduction du taux de mortalité infantile est continue depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans d’autres pays comme la France, cette baisse semble ralentir. Des scientifiques de l’Inserm, de l’université Paris Cité, de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, du CHU de Nantes et de l’université de Californie ont voulu aller plus loin dans les analyses statistiques de l’évolution du taux de mortalité infantile en France et se sont plus spécifiquement intéressés à la période de 2001 à 2019. Au cours de cette période d’étude, 53 077 décès de nourrissons ont été enregistrés parmi les 14 622 096 naissances vivantes, soit un taux de mortalité infantile moyen de 3,63/1 000 (4,00 chez les garçons ; 3,25 chez les filles).
Près d’un quart des décès (24,4 %) sont survenus au cours du premier jour de vie et la moitié (47,8 %) au cours de la période néonatale précoce, soit au cours de la première semaine suivant la naissance. Le taux de mortalité infantile a fortement diminué de 2001 à 2005, puis de façon plus lente de 2005 à 2012. À partir de 2012, une augmentation significative du taux de mortalité infantile a été observée. Cette augmentation de 7 % a fait passer la mortalité infantile de 3,32 en 2012 à 3,56 décès/1 000 naissances vivantes en 2019. Des analyses de sensibilité ont montré que cette tendance n’était pas liée à la modification des pratiques de l’état civil, ni à la modification des pratiques médicales pour la prise en charge des nouveau-nés atteints d’affections graves. Des analyses en sous-groupes indiquent que cette hausse est principalement due à une augmentation du taux de mortalité infantile dans la période néonatale précoce. « En comparant les données par rapport à d’autres pays européens à économie similaire tels que la Suède et la Finlande, on observe chaque année en France un excès d’environ 1 200 décès d’enfants âgés de moins d’un an », explique le Pr Martin Chalumeau, dernier auteur de l’étude.
Parmi les facteurs de risque favorisant ce type de décès, on trouve des critères directement liés à la santé de la mère, avant et durant la grossesse. Or, constate The Lancet, les enquêtes nationales périnatales montrent que « l’âge gestationnel, l’indice de masse corporelle et le taux de tabagisme durant la grossesse ont augmenté durant la période d’étude », en France.
La mortalité infantile à moins d’un an est l’une des plus difficiles à expliquer. Chaque année, on dénombre 17 à 20 % de décès sans cause définie.
Ce taux actuel semble nous dire que les soins prodigués, fussent-ils performants, ne « rattrapent » pas suffisamment la mauvaise santé des femmes et des familles en situation de précarité. Au vu de ce constat, il n’y a pas de raison de penser qu’elle puisse baisser radicalement dans les prochaines années en France.
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