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Congrès

Publié le 03 nov 2021Lecture 7 min

ESPID 2021 : Genève sans le lac

Gérard LAMBERT, Paris
ESPID 2021 : Genève sans le lac

Une fois encore le congrès de l’ESPID, qui s’est tenu du 24 au 29 mai, a été totalement relayé en virtuel du fait de la pandémie de Covid-19. Si nous n’avons pas vu Genève, les communications n’en ont pas perdu pour autant de leur acuité et de leur intérêt.

Les effets collatéraux de la pandémie sur la vaccination dans le monde • D’après la communication de A. Sasio et al. Impact of Covid-19 on immunization services for maternal and infant vaccines: results of a survey conduct by imprint – The immunization Pregnant and Infants Network. O045 / #819. Pendant que les pays riches s’empêtraient dans les querelles autour du vaccin anti-Covid en répondant tant bien que mal aux réactions souvent outrancières des antiVax, les pays à niveaux de revenus plus modestes ont dû faire face à des perturbations de leur système de santé liés à la pandémie de Covid-19. Ces désorganisations ont eu un impact sur les vaccinations courantes des femmes, des nouveau-nés et des enfants. Pour mieux comprendre ce contexte, une équipe gambienne a conduit une étude en collaboration avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine en adressant un questionnaire aux membres de l’Immunizing Pregnant Women and Infants Network, un réseau international de scientifiques et de cliniciens qui agissent pour la vaccination des femmes et des enfants dans le monde. L’étude a été menée pendant 2 semaines dans le courant du mois d’avril 2020 et portaient sur 5 courtes enquêtes thématiques permettant d’évaluer l’ampleur de la perturbation. Les deux dernières parties comportaient des questions ouvertes afin de saisir les raisons de ces désordres. Les réponses ont été analysées selon une approche analytique permettant une évaluation quantitative et qualitative. La plupart des 48 réponses (75 %) reçues provenaient de pays à niveau de revenu faible ou intermédiaire. Plus de 50 % d’entre elles signalaient des problèmes de délivrance des vaccins attribués à trois causes majeures : l’accès aux vaccins du fait de problèmes logistiques ; les difficultés des fournisseurs, du fait des réductions de personnel ; enfin, mais dans une moindre mesure, les populations elles-mêmes qui ne se déplaçaient plus par crainte d’une contamination par le SARS-CoV-2. Cette étude confirme l’impact indirect de la pandémie de Covid-19 sur la santé des femmes et des enfants. Une quantification plus précise de cet impact reste à établir, mais ce premier instantané a permis d’établir des recommandations simples pour l’ensemble des intervenants dans l’objectif de maintenir la chaîne de vaccination. Le BCG peut-il prévenir l’eczéma atopique ? • D’après la communication de L. Pittet et al. Neonatal BCG vaccination reduces the risk of eczema in predisposed infants – results from the MIS BAIR randomised controlled trial. 0O29 / #148. Alors que certaines familles d’enfants présentant une dermatite atopique sont très méfiantes vis-à-vis de la vaccination en général, et notamment du BCG lorsque celui-ci était obligatoire, cette étude vient non seulement les rassurer, mais encore montrer un effet préventif de ce vaccin chez les enfants à haut risque. Il s’agit d’une étude internationale contrôlée ayant inclus 1272 nouveau-nés qui, après randomisation, ont reçu ou non une dose de BCG à 1,5 jour de vie en moyenne. L’incidence et la sévérité de l’eczéma ont été évaluées chaque trimestre dans les 12 premiers mois de vie à l’aide d’un questionnaire utilisant un outil diagnostique britannique et le score POEM (Patient Oriented Eczema Measure). Au terme de l’étude à 12 mois, une consultation médicale évaluait la sévérité des lésions selon l’échelle de gravité SCORAD. Les résultats de l’étude MIS BAIR montrent que l’incidence de l’eczéma était inférieure chez les enfants ayant reçu le BCG (32,2 %) comparé aux nouveaunés contrôles (36,6 % ; différence de risque [RD] : -4,3% ; IC 95 % : -9,9 % - 1,3 %), soit 23 enfants de moins en termes de nombre de sujets à traiter (NNT). Les enfants vaccinés avaient également moins de risque de présenter un eczéma actif à la consultation terminale (15,7 % vs 19,2 %), d’avoir une corticothérapie locale (35,7 % vs 39 %) et de présenter un score élevé sur l’échelle SCORAD (7,3 % vs 10,2 %). Enfin, dans le groupe des enfants à très haut risque, ceux ayant deux parents atopiques, l’incidence de l’eczéma était plus bas dans le groupe ayant reçu le BCG (35,3 %) que chez les contrôles (46,8 %) avec 8,7 en termes de NNT (IC 95 % : 4,6-83,3). Les auteurs concluent en soulignant qu’une seule dose de BCG néonatal permet de diminuer l’incidence et la sévérité de l’eczéma, en particulier chez les enfants à très haut risque, et affirment que ces données suffisent à recommander systématiquement la vaccination dans cette population. Comment mieux cibler les prescriptions d’antibiotiques ? • D’après la communication de C. Papan et al. A host-based assay comprising TRAIL, IP-10 and CRP can improve antibiotic treatment decisions for viral positive children by accurately ruling out co-infection. OP019 / #1360. A Khanijau et al. Antibiotic use in definite viral and definite bacterial phenotypes from the PERFORM BIVA-study across Europe. OP025 / #563. Différencier infection virale et bactérienne permettrait de mieux ajuster les traitements anti-infectieux et notamment de réduire les prescriptions d’antibiotiques inadaptées. L’une des difficultés de cette distinction réside dans le fait que l’isolement d’un virus dans un contexte infectieux ne peut exclure une surinfection bactérienne. Des études antérieures ont suggéré qu’un test sanguin combinant le TRAIL (TNF-related apoptosis induced ligand), la protéine 10 induite par l’interféron gamma (IP-10) et la CRP permettait de différencier les infections virales des infections bactériennes avec une valeur prédictive négative > 98 %. Une étude allemande(1) a utilisé cette stratégie diagnostique chez 530 enfants âgés de plus de 90 jours présentant une infection autre que respiratoire et ayant eu au moins une PCR positive à la recherche d’un virus. Le résultat du test a été évalué par trois experts indépendants qui ont classé 483 des patients inclus en infection virale et les 47 autres en infection bactérienne. Dans ce deuxième cas, les enfants étaient plus âgés (3,9 ans vs 2,9 ans en moyenne ; p < 0,0001), ils étaient plus fébriles (39,6 °C vs 39,2 °C ; p = 0,001) et étaient plus fréquemment admis à l’hôpital (93,6 % vs 70,2 % ; p < 0,001). Au regard du nombre de traitements qui ont été rectifiés, le test sanguin a permis, dans cette étude, de diviser par un facteur de 3,75 le nombre de prescriptions antibiotiques pour une infection virale, passant de 143 antibiothérapies à 38 (p < 0,001). Au total, la recherche combinée de ces trois paramètres permet de diminuer significativement les prescriptions intempestives d’antibiotiques. Un travail européen s’est également intéressé à l’étiologie infectieuse à travers une étude rétrospective portant sur 1080 enfants se présentant aux urgences et ayant eu des prélèvements sanguins. Ces cas ont été analysés rétrospectivement selon un algorithme de probabilité d’infection virale ou bactérienne développée par la plateforme européenne PERFORM (perform.org). Pour l’ensemble de ces patients un diagnostic précis avait été porté, une infection d’origine bactérienne étant identifiée chez 582 d’entre eux et d’origine virale chez les 498 autres. Des antibiotiques avaient été prescrits de façon probabiliste à l’admission chez 542 (93,11 %) et 281 (57 %) enfants de chacune de ces groupes respectivement. Dans le premier groupe, la voie d’administration était intramusculaire ou intraveineuse chez 89,9 % d’entre eux, un chiffre qui atteignait 76,2 % dans le deuxième groupe. Les antibiotiques les plus souvent prescrits étaient des céphalosporines de 3e génération, des pénicillines ou des associations pénicilline/inhibiteur de bêta-lactamase. Ce travail montre encore une fois que la différenciation entre infection virale et bactérienne est difficile à réaliser lorsque les enfants se présentent aux urgences et que la mise au point d’un test simple et fiable pourrait éviter des prescriptions abusives d’antibiotiques et limiter l’accroissement des résistances. Que deviennent les PIMS ? • D’après la communication de J. Penner et al. Six-month multidisciplinary follow-up of paediatric inflammatory multisystem syndrome (PIMS-TS) patients at UK tertiary paediatric Centre. O046 / #1631 Le syndrome inflammatoire multisystémique (Paediatric Inflammatory Multisystem Syndrome) survenant dans les suites d’une infection à SARS-CoV2 est une complication rare et potentiellement grave du Covid-19 chez l’enfant. Ces syndromes réalisant un tableau proche de la maladie de Kawasaki ont d’abord été signalés par le National Health Service au Royaume-Uni dès avril 2020, puis rapidement en France où des cas de myocardite avec état de choc ont été rapportés. Au total, 640 PIMS avaient été signalés fin août 2021 dans l’hexagone. Une équipe anglaise pluridisciplinaire s’est intéressée à l’évolution de ces syndromes chez 46 enfants qui ont été régulièrement suivis pendant 6 mois après leur admission à l’hôpital. Au terme de l’étude, la grande majorité d’entre eux (96 %) présentaient une échographie cardiaque normale. L’évaluation objective des troubles digestifs, rénaux, hématologiques et ORL n’a pas mis en évidence de lésions patentes. En revanche, des anomalies mineures ont été détectées à l’examen neurologiques à 6 semaines chez 52,2 % des patients et chez 39,1% d’entre eux à 6 mois, mais aucune atteinte significative n’a cependant été objectivée sur l’échelle EDSS (Expanded Disability Status Scale). En revanche, la tolérance à l’effort était altérée chez 45 % de ces enfants dont les résultats au test de marche de 6 minutes était inférieur au 3e percentile par rapport à l’âge et au sexe. L’interrogatoire des parents (19 %) et des enfants (22 %) a également révélé des difficultés émotionnelles sévères. Au regard de la sévérité de présentation de ces PIMS, ces résultats sont rassurants et ne rapportent pas d’atteintes organiques persistantes à 6 mois. Toutefois, leur évolution n’est pas bien connue et un suivi sur le plan neurologique ainsi que sur celui du reconditionnement à l’effort est nécessaire. Les données à long terme devraient préciser l’histoire naturelle de ces PIMS.

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