Publié le 22 avr 2021Lecture 2 min
Vacciner les enfants contre la Covid-19 : efficacité et considérations éthiques !
Bertrand CHEVALLIER, Paris
« Une fois que ma décision est prise, j’hésite longuement. »
Jules RENARD (1864-1910)
Moins exposés aux cas graves, les enfants semblent être les oubliés de la stratégie vaccinale.
Le vaccin est-il efficace dans cette population ? Plusieurs laboratoires ont en effet annoncé avoir commencé des expérimentations. Les derniers en date : Pfizer le 25 mars, Moderna qui a annoncé démarrer deux essais, l’un sur 6 750 enfants de 6 mois à 11 ans aux États-Unis et au Canada, et l’autre, en cours depuis décembre sur les adolescents âgés de 12 à 18 ans, avec 3 000 inclusions.
Est-il nécessaire ? Pour qui ? La Société française de pédiatrie invite ainsi à la prudence. « La Covid-19 chez l’enfant est le plus souvent asymptomatique, les enfants sont peu contagieux et très peu de formes sévères ont été décrites, même pour ceux atteints de pathologies chroniques. À ce jour, cette vaccination n’apparaît pas comme nécessaire chez l’enfant en population générale », recommande-telle. L’Inserm, considère que « les enfants sont non seulement moins touchés que les adultes : les transmissions en milieu scolaire proviennent majoritairement des adultes ». Vacciner les plus jeunes enfants pourrait « n’avoir qu’un effet marginal sur la dynamique épidémique ! En revanche, poursuit l’Inserm, « c’est moins le cas des adolescents, qui entretiennent plus de contacts sociaux et qui semblent transmettre le virus de la même manière que les adultes ». Cependant, « si le virus circule parmi les enfants, nous courrons le risque de voir aussi apparaître des variants plus virulents ! Pourra-t-on stopper toute circulation virale et atteindre les 85 % ou 90 % de couverture vaccinale nécessaire à l’immunité collective, si l’on ne vaccine pas aussi les plus jeunes », s’interrogent les épidémiologistes ? Il faut « d’abord s’assurer que l’on a vraiment besoin d’eux pour atteindre l’immunité de groupe », tempère Alain Fischer, président du Conseil d’orientation vaccinale. À ces interrogations pratiques et techniques, s’ajoutent celles de l’éthique ! La morbidité du Covid-19 étant très faible chez les enfants, la vaccination ne serait pas entreprise pour leur propre protection mais principalement pour celle des personnes âgées ou des personnes à haut risque présentes dans leur entourage. Respecter le rapport bénéfice/risque est donc encore plus essentiel.
Un autre risque guette nos enfants : une réduction significative chez eux de la vaccination de routine. Aux États-Unis, le taux de couverture vaccinale des enfants est passé à moins de 50 % des nourrissons âgés de 5 à 18 mois, alors qu’il était de 63 % au cours des années précédentes. Les commandes de vaccins contre la rougeole ont diminué de plus de 10 % au Royaume-Uni pendant la période de distanciation sociale. Les données de modélisation concernant l’effet de l’interruption des cliniques de vaccination de routine en Afrique sont beaucoup plus préoccupantes, car elles font courir aux enfants un risque majeur : celui de mourir de la rougeole bien plus que de la Covid-19.
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