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Nutrition

Publié le 20 avr 2008Lecture 2 min

La supplémentation des enfants en vitamine D joue-t-elle un rôle dans l'«épidémie» actuelle d'allergie ?

Dr Geneviève Démonet
Les données épidémiologiques semblent établir un lien entre atopie et vitamine D. La synthèse chimique de cette vitamine a été réalisée en 1953 et a été suivie d'une administration exponentielle en prévention du rachitisme chez l’enfant. En 1970, 99 % des enfants recevaient une dose quotidienne de vitamine D en Allemagne. Pour certains il est troublant de constater que l'atopie a progressé dans ce pays parallèlement à la mise en place de cette prophylaxie.
D’autres observations pointeraient du doigt la vitamine D. Ainsi, la supplémentation en vitamine D est plus rare dans les populations ayant un faible taux d'allergie (familles adoptant un style de vie anthroposophique [régime à base de légumes spontanément fermentés, utilisation minimale d’antibiotiques et de vaccins], familles de fermiers). De même, en Allemagne de l'est, avant 1989, les enfants recevaient en moyenne 3 doses de vitamine D par an et avaient peu d'allergie alors que dix ans plus tard la vitamine D s'administrait quotidiennement tandis que le taux d'allergie atteignait celui de l'Allemagne de l'ouest. Il semble également exister une association entre les taux sériques de vitamine D et d'IgE. Ce phénomène s’expliquerait par le fait que la vitamine D a un effet Th1 immunosuppresseur et pourrait ainsi prévenir la survenue d'infections tout en favorisant celle de l'allergie. L'hypothèse hygiéniste pourrait ainsi être remise en question : la diminution de la fréquence des infections et la survenue de l'allergie pourraient être des conséquences indépendantes de la même exposition à la vitamine D. Il est intéressant cependant de souligner que les 3 études publiées sur l'effet de l'exposition à la vitamine D pendant la grossesse ont eu des résultats contradictoires. La première rapporte une multiplication du risque d'asthme par 5 en cas de taux maternel sérique élevé en vitamine D alors que les 2 autres montrent une réduction nette du risque de sifflement. D'autres travaux sur le sujet sont donc nécessaires avant de confirmer ou d’infirmer le rôle de la vitamine D dans le risque allergique et de proposer une modification quelconque de la prophylaxie du rachitisme.

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