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Psycho-social

Publié le 13 jan 2009Lecture 4 min

L’éducation à la sexualité

P. BRENOT, Université Paris 5

En Grande-Bretagne, le secrétaire d’État aux Écoles, Jim Knight, vient d’annoncer (30 octobre 2008) l’intégration dans le programme scolaire d’un enseignement sur la sexualité et le comportement personnel en société (PSHE) pour les jeunes Anglais âgés de 5 à 16 ans. Il s’en explique ainsi : « Le gouvernement considère l’enseignement comme étant essentiel pour aider les jeunes à éviter les grossesses précoces, les maladies sexuellement transmissibles, l’usage de drogues et l’abus d’alcool. » En France, cette information a d’abord été réduite à quelques titres chocs tels que : « L’éducation sexuelle à partir de 5 ans ! » « Choquant, on veut parler du sexe aux enfants ! »

 
Il est certain que les associations familiales (plus que les familles) peuvent parfois encore être émues d’un discours sur la sexualité délivré en classes primaires. Mais les réticences envers l’éducation à la sexualité ont profondément changé au cours des trente dernières années. Alors qu’en 1970, une majorité de parents, mais une minorité d’enfants, étaient réservés quant à l’éducation sexuelle à l’école, les élèves sont aujourd’hui avides « d’en savoir plus », les familles soulagées qu’une information sur la sexualité puisse être faite en milieu scolaire, mais les enseignants réticents. En effet, ils sont peu (pour ne pas dire « pas ») préparés à cela et redoutent de parler d’un domaine qui leur est étranger. En Grande-Bretagne, il en va tout autrement, l’éducation sexuelle est depuis longtemps intégrée à l’enseignement général et associe différentes disciplines concernant notamment les relations humaines et la formation de la personnalité. Mais jusqu’à présent, cette éducation était très décentralisée, chaque collège pouvant appliquer ses propres conceptions et faire entendre ses différences. Cette loi, valable pour tous, vient surtout en écho au triste record que détient aujourd’hui la Grande-Bretagne : 39 000 filles mineures enceintes en 2006, dont 7 300 âgées de moins de 16 ans ! Par comparaison, en France, le nombre de filles mineures enceintes en 2007 était de 13 192. Si ce nombre reste stable en France métropolitaine, on constate cependant une augmentation relative du nombre de très jeunes mineures enceintes. La situation est enfin très différente en France où les grossesses d’adolescentes sont rarement conduites à terme, notamment en raison de la liberté des célibataires mineures à interrompre cette grossesse. L’éducation sexuelle ne se résume cependant pas à la seule fécondité.   Pourquoi une éducation à la sexualité ? Jusqu’aux cinquante dernières années, une telle proposition recevait une fin de non-recevoir de la part des familles et des Églises, en raison de l’argument du « naturel ». Il est évident que si la sexualité était « naturellement réalisable », il n’y aurait aucune nécessité d’en informer les enfants et les adolescents ni de tenter de remédier à quoi que ce soit puisque « avec le temps tout s’arrangerait ! », selon la formule conventionnelle. La réalité est tout autre : toutes les études modernes sur la sexualité, et notamment la neurobiologie, nous affirment qu’ il n’existe aucun instinct sexuel, c’est-à-dire aucune pulsion prédéterminée (par exemple génétique) qui se suffirait à elle-même pour réaliser le coït reproducteur. Cela peut paraître surprenant, mais chez l’homme, comme ses proches parents, la sexualité adulte est le résultat de la maturation progressive des comportements tout d’abord avec soi-même (auto-érotisme), puis avec les autres (premiers échanges entre enfants, adolescents). Elle est ainsi faite d’une progressive désensibilisation des émotions (la masturbation y contribue considérablement), puis d’un apprentissage des codes sociaux, enfin d’une habileté érotique intégrant l’ensemble de ces comportements. L’éducation à la sexualité est en réalité un accompagnement à tous les âges de la vie, d’abord en répondant aux premières questions de l’enfant (règle n°1 : ne jamais éluder une question), puis en recadrant le comportement intime sans l’interdire ni le refouler (règle n° 2 : ce que tu fais est très bien, mais pas en public, plutôt dans l’intimité de ta chambre, par exemple) ; enfin, en ayant des relations très claires avec les adolescents (règle n° 3 : nous n’avons rien à savoir de la sexualité de nos enfants comme ils n’ont rien à savoir de la nôtre). Si l’on suit ces trois règles fondamentales, on accompagne les enfants, puis les adolescents vers une sexualité plus épanouie à l’âge adulte. Une grande part des difficultés sexuelles prend effectivement sa source dans les failles ou les manques de la maturation érotique.

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