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Allergologie - Immunologie

Publié le 22 avr 2008Lecture 4 min

Désensibilisation sublinguale, nouvelle thérapeutique en allergie alimentaire

P.Molkhou
Les mécanismes d’action de la désensibilisation par voie sublinguale (ITLS) ont été récemment découverts, grâce à une meilleure connaissance de la physiologie du système immunitaire de la muqueuse sublinguale chez la souris BALB/c.
Deux sous-populations de cellules présentatrices d’antigènes ont  été mises en évidence : les cellules de Langerhans dans la muqueuse elle-même, et les cellules dentritiques myéloïdes (CD11b, CD11c, CD8) à l’interface muqueuse/sous-muqueuse. Par ailleurs, des lymphocytes T CD4+ activés ont été détectés sous la muqueuse sublinguale. Par ailleurs, on a pu mettre en évidence dans le tissu sous-muqueux la présence de mastocytes et d’éosinophiles qui, en l’absence d’effraction, ne sont pas en contact direct avec l’allergène administré par voie sublinguale. Une meilleure compréhension des réponses immunitaires spécifiques de l’allergène au niveau de la muqueuse sublinguale permet d’envisager la conception de nouveaux vaccins sublinguaux. Ces vaccins du futur incorporeront des adjuvants Th1/TReg, ainsi que des formulations galéniques muco-adhésives pour faciliter le ciblage des cellules dendritiques au niveau de la muqueuse sublinguale. Désensibilisation  sublinguale au lait de vache D. de Boissieu (Hôpital Saint-Vincent de Paul, Paris) a présenté les premiers essais d’une désensibilisation sublinguale au lait de vache chez 8 enfants âgés de plus de  6 ans porteurs d’IgE spécifiques, qui ne tolèrent toujours pas les protéines lactées bovines. L’immunothérapie sublinguale (SLIT) utilisant le lait de vache a duré 6 mois. Les résultats obtenus ont été bénéfiques chez 70 % des patients, avec cependant des effets secondaires dans 50 % des cas. Les IgE spécifiques n’ont pas varié au cours de la SLIT, suggérant un autre mécanisme pour expliquer la tolérance. Cette méthode utilisant une dose inférieure à la dose déclenchante est sans danger et facile à réaliser ; en augmentant la dose après  6 mois, les symptômes disparaissent chez des sujets chez lesquels persistait une allergie au lait de vache IgE-dépendante. Désensibilisation et arachide D.A. Moneret-Vautrin (Hôpital  universitaire de Nancy) a abordé le problème de la désensibilisation par voie orale dans le cadre de l’allergie à l’arachide. Actuellement, l’allergie alimentaire à l’arachide est l’une des  trois plus fréquentes allergies  alimentaires de l’enfant. Elle connaît un taux faible de guérison naturelle et est à la base de la  majorité des anaphylaxies mortelles. La conduite actuelle est limitée à une éviction stricte. L’établissement de la tolérance  alimentaire est probablement  plus difficile dans les premiers mois de la vie pendant lesquels prédomine physiologiquement l’activité Th2. La balance Th1- Th2 définitive est acquise à  6 mois chez le nourrisson normal, ce qui n’est pas le cas chez le nourrisson à terrain génétique  atopique. Les anomalies immunologiques dans l’allergie alimentaire correspondent plus à un défaut de régulation des populations lymphocytaires effectrices (T régulateurs) qu’à un déséquilibre Th1-Th2. La guérison naturelle de l’allergie alimentaire est longue à s’installer. Par exemple, dans l’allergie au lait, 60 % des enfants acquièrent une tolérance seulement entre 6 et 7 ans ; pour ce qui est de l’arachide, le taux de tolérance  reste  très faible et ne concerne que des enfants aux réactions cutanées modérées, avec des prick-tests faiblement positifs (< 6 mm), et dont l’AA à l’arachide reste isolée. Des essais thérapeutiques ont été proposés avec succès dans l’allergie au lait et au blé avec des protocoles d’induction de tolérance orale. Pour l’arachide, quelques protocoles de tolérance ont été tentés avec succès par L. Mansfield dans quelques cas aux États-Unis (Ann Allergy Asthma Immunol 2006 ; 97 : 266-7). En conclusion, des travaux prometteurs sont en cours, utilisant des aliments transgéniques non sensibilisant comme le riz. Dans les prochaines années, les protocoles utilisant des aliments naturels, l’arachide en particulier, feront l’objet d’études extensives en raison des promesses des premiers essais.

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