Connaissez-vous le sharenting ?

Le sharenting (ou oversharenting) désigne la tendance qui pousse de nombreux parents à partager sur les réseaux sociaux du contenu qui concerne leurs enfants, et notamment des photos d’eux. Il y aurait matière à débattre sur le bon et le mauvais usage des réseaux sociaux, opposant la liberté d’expression des parents au respect de la vie privée des enfants – ceux-ci récoltant dès leur plus jeune âge une « empreinte numérique » susceptible de les suivre toute leur vie. Mais l’Association L’Enfant Bleu, qui a mené une campagne de sensibilisation sur le sujet cet été(1), nous fournit surtout une information glaçante : 50 % des photos publiées sur les forums pédopornographiques sont des photos qui ont été prises par les parents et partagées innocemment en public sur leurs réseaux sociaux(2). Voilà qui devrait en inciter plus d’un à mieux configurer ses différents comptes, voire à modifier significativement ses habitudes… L’action principale de cette campagne a été la large distribution d’un livre intitulé « La folle aventure du doudou d’Emma » (Havas Éditions), qui raconte l’histoire d’un doudou dont les photos sont partagées sur les réseaux sociaux et tombent dans les mains de personnages anonymes désignés comme « les fans de doudous ». Le ressort de ce livre repose sur une double lecture : une fois l’histoire à destination des enfants terminée, les parents sont invités à y repenser en remplaçant le doudou par leur enfant. Et si la version enfants de l’histoire laisse un peu circonspect (le partage est présenté comme quelque chose de positif, la dernière phrase est même « ça c’est chouette », et pourtant certaines pages créent déjà un malaise perceptible), la version parents touche juste et ne peut laisser personne indifférent. Cette campagne est donc une très bonne occasion pour aborder le sujet autour de nous, y compris dans le cadre de notre exercice professionnel : dans notre société moderne, la sécurité numérique des enfants est probablement appelée à devenir un volet non négligeable de leur santé. La sensibilisation est donc aussi entre les mains des soignants.