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Revue de la Littérature

Publié le 29 sep 2020Lecture 3 min

Vaccination antirotavirus pour tous les enfants ?

Bertrand CHEVALLIER, Service de pédiatrie-Urgences adolescents, Hôpital Ambroise-Paré (AP-HP), Boulogne-Billancourt, Université Paris-Saclay

Commentaire du groupe de recommandation de l’Académie européenne de pédiatrie (EAP) et de l’European Society for Pediatric Infectious Diseases (ESPID) pour la vaccination antirotavirus

Des études indiquent qu’à l’âge de 5 ans, presque tous les enfants ont développé des anticorps antirotavirus. On estime qu’en Europe, plusieurs milliers d’enfants meurent chaque année des suites d’une infection à rotavirus. La majeure partie de cette mortalité n’affecte pas les enfants appartenant à des groupes à risque identifiables, mais des nourrissons et enfants auparavant en bonne santé qui meurent généralement des suites d’une déshydratation sévère à évolution rapide. Dans les pays européens avec des programmes de vaccination antirotavirus réussis, comme la Belgique et la Finlande, la réduction à long terme des cas graves de RV a été diminuée de 85 à 90 %, respectivement. Selon une récente analyse coût/bénéfice et risque/efficacité réalisée aux Pays-Bas (un pays à faible mortalité liée au RV), une stratégie de vaccination ciblée a été proposée comme offrant le rapport bénéfice/risque le plus favorable et éliminant pratiquement la mortalité liée au rotavirus. Bien que le modèle prenne en compte plusieurs paramètres, notamment les coûts des soins de santé, les infections nosocomiales, le risque d’invagination et l’immunité collective, ces résultats sont en grande partie liés au coût intrinsèque du vaccin. Une stratégie de vaccination universelle éviterait les hospitalisations supplémentaires et les cas mortels, mais elle ne permettrait de réaliser des économies que si les coûts directs des vaccins sont réduits à environ 30 € par enfant. Ce niveau de prix est probablement réalisable grâce à des achats centralisés. Il existe plusieurs arguments en faveur de la vaccination universelle comme stratégie privilégiée pour réduire la charge de morbidité élevée chez les jeunes enfants. La limitation de la vaccination aux groupes à risque nécessiterait une identification et des voies spécifiques pour les bébés prématurés et de faible poids à la naissance, ainsi que pour les anomalies congénitales. De plus, les frères et sœurs d’enfants à risque peuvent contracter et transmettre une infection à RV, ce qui suggère au moins une stratégie de cocooning en immunisant également les frères et sœurs des nourrissons à risque. De plus, avec une stratégie de vaccination ciblée, les cas limites de l’indication à haut risque seront peut-être manqués. Plus de 10 ans après l’introduction de la vaccination antirotavirus dans plusieurs pays, d’autres effets indirects et extra-intestinaux de la vaccination antirotavirus à grande échelle sont apparus. En raison du mimétisme moléculaire entre les protéines du rotavirus et le gluten (entre autres peptides), la responsabilité du rotavirus a été évoquée dans le déclenchement de maladies coœliaques et de diabète sucré de type 1. À cet égard, la prévention de l’infection à rotavirus de type sauvage pourrait avoir un impact sur les maladies auto-immunes. Selon une enquête récente réalisée sur la population ayant participé à l’essai d’efficacité et d’innocuité (REST) contre le rotavirus (vaccin) plus de 10 ans après la vaccination, la prévalence de la maladie cœliaque a été presque divisée par deux chez les personnes vaccinées contre le rotavirus par rapport au groupe placebo. De même, l’incidence du diabète sucré de type 1 a considérablement diminué après l’introduction de la vaccination antirotavirus en Australie, et le risque de diabète de type 1 a diminué de plus de 30 % chez les enfants américains qui avaient terminé la vaccination antirotavirus. Sur la base des preuves actuelles, l’inclusion de vaccins antirotavirus dans les programmes nationaux de vaccination devrait être recommandée comme approche universelle pour tous les enfants et ne pas être limitée aux sous-groupes d’enfants présumés à risque accru. Dans les pays à revenu élevé, la prévention de la maladie grave à rotavirus ne devrait pas être un problème limité à une considération coût/bénéfice mais un problème médical et social. C’est une question d’équité et d’iniquité, et le bénéfice de la vaccination antirotavirus doit profiter à tous les enfants. • Hans Jürgen Dornbusch, Timo Vesikari et al. Eur J Pediatrics 2020; vol. 179, pages 1489-93.

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