Publié le 09 déc 2008Lecture 5 min
Les carences martiales chez la jeune femme
G.GERTNER, Gynécologie pratique
La carence en fer est fréquente chez les femmes en âge de procréer. La baisse de la ferritinémie en est le marqueur le plus fiable et le plus précoce. Mal corrigée par l’alimentation, elle nécessite souvent une supplémentation en fer.
Les études épidémiologiques récentes montrent qu’en France, la déficience en fer est largement répandue chez les femmes non ménopausées, 23 % ayant une déplétion totale des réserves en fer (1). Cette carence touche 60 à 80 % des femmes enceintes en fin de grossesse, et s’associe à une anémie dans 10 à 30 % des cas. Les pertes en fer physiologiques (2 à 3 mg/j) sont dues à la desquamation cellulaire digestive et cutanée et aux menstruations. La carence martiale est en partie due à un faible apport alimentaire, mais elle est surtout liée aux pertes sanguines : menstruations, ménorragies, ménométrorragies, stérilet. De plus, la balance martiale déficitaire s’aggrave pendant la grossesse (développement du foetus et du placenta) et lors de l’accouchement (2). Elle est parfois due à une malabsorption (gastrectomie, maladie cæliaque). Par ailleurs, on retrouve plus fréquemment une carence martiale chez les multipares, les femmes originaires du pourtour méditerranéen, les moins de 35 ans, chez celles qui ont effectué un don de sang au cours des 3 derniers mois, les végétariennes et végétaliennes et chez celles qui boivent régulièrement du thé (3). Doser la ferritine L’organisme contient de très faibles quantités de fer (de l’ordre de 2 à 4 g), mais cet élément est impliqué dans de nombreux processus biologiques : stockage et transport de l’oxygène, cofacteur de nombreuses enzymes, métabolisme oxydatif, croissance tissulaire. Le fer d’origine animale (viande, poisson) est mieux absorbé que celui apporté par les légumes, les céréales, les oeufs ou les produits laitiers. L’absorption est accrue par la vitamine C et nécessite la présence d’acide chlorhydrique dans l’estomac (les inhibiteurs de la pompe à protons perturbent l’absorption du fer). Les besoins en fer sont d’environ 2 mg/j chez les femmes. Sachant que 10 % du fer ingéré est réellement absorbé, les besoins quotidiens sont nettement supérieurs (tableau 1). Tableau 1. Apports conseillés en fer (en milligrammes). Tranche d’âge Apports conseillés (mg/jour) Adolescentes 13-19 ans 14 Femmes réglées 16 Femmes enceintes (dès le 1er trimestre) 25-35* Femmes allaitantes 10 Femmes ménopausées 9 * De tels niveaux d’apport peuvent être difficilement atteints par notre alimentation courante et dans ce cas, des compléments sous forme médicamenteuse doivent être prescrits par le médecin. Si certains signes cliniques doivent faire évoquer une anémie ou une carence en fer, il ne faut pas hésiter à doser la ferritine, marqueur précoce et spécifique à 100 % chez les femmes à risque. À noter, qu’un syndrome inflammatoire peut être à l’origine d’une élévation de la ferritine. En revanche, le dosage du fer sérique est peu discriminant, car il est soumis à des modifications nycthémérales et varie en fonction de phénomènes physiologiques ou pathologiques associés (4). La conséquence classique d’une carence en fer est une anémie hypochrome microcytaire, avec la symptomatologie clinique qui l’accompagne : pâleur, fatigue et dyspnée à l’effort. Elle entraîne également anorexie, apathie, dépression, troubles du sommeil, vulnérabilité vis-à-vis des infections, mais aussi de nombreuses manifestations dermatologiques : prurit, koïlonychie, glossite atrophique, chéilite et alopécie (5). La carence en fer pendant la gestation est un facteur de risque d’accouchement prématuré et de faible poids de naissance et augmente la morbidité maternelle(6). Des indications à la supplémentation à évaluer au cas par cas Aussi, une supplémentation en fer peut se justifier chez une jeune femme présentant unecarence martiale, définie par une ferritinémie < 50 μg/l, souffrant de fatigue inexpliquée (7), en cas de ménorragie (8) ou dans le postpartum (9). Pour les femmes enceintes, le ministère de la santé propose dans un rapport (10) : – une supplémentation (systématique ou orientée) en fer (à des doses de 30 à 50 mg de fer élément par jour, en fonction du contexte clinique plus ou moins évocateur de facteurs de risque associés), prescrite dès le début de la grossesse, à prendre au cours des repas (pour diminuer le risque d’effets secondaires) ; – un dépistage de l’anémie par la mesure du taux d’hémoglobine dès le début du 2e trimestre de la grossesse, permettant en cas d’anémie de proposer une supplémentation martiale de l’ordre de 60 à 120 mg de fer/j (selon l’intensité de l’anémie) ; – des conseils nutritionnels tout au long et dans les suites de la grossesse : consommer des aliments riches en fer tels que les légumes secs et légumineuses (lentilles, poix, haricots secs), abats et viandes, etc., une quantité adéquate d’aliments contenant du fer héminique de bonne biodisponibilité (viande, poisson), des activateurs de l’absorption du fer non héminique (sources de vitamine C comme les fruits et légumes, viandes, poissons), et éviter la consommation excessive (notamment au cours des repas) des aliments contenant des inhibiteurs potentiels de l'absorption du fer non héminique (comme le thé ou le café).
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