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Dermatologie

Publié le 08 mar 2007Lecture 3 min

La dermatite atopique sous surveillance épidémiologique et thérapeutique

Dr Marie-line Barbet
Il est revenu à des auteurs français d’aborder dans ce congrès très américain le lourd tribut payé à la dermatite atopique (DA) par la population pédiatrique européenne. La prévalence de cette affection continue en effet de croître dans ces contrées avec 10 à 25 % d’enfants concernés (contre 5 % dans les années soixante). Une étude multicentrique prospective conduite dans 4 grands pays européens (France, Italie, Espagne, Portugal) pendant 10 mois et qui a inclus 3 237 enfants atteints de DA illustre les différentes approches observées selon les pays non seulement sur le plan du diagnostic (les prick tests sont davantage utilisés en Italie et les patch tests en France et en Espagne, le dosage des IgE au Portugal) que thérapeutique, les Français privilégiant la tolérance alors que les Espagnols recherchent la rapidité d’action, les Italiens, l’épargne en corticoïdes locaux et les Portugais, la prévention des poussées. Quoi qu’il en soit 91 % des praticiens de tous ces pays prescrivent toujours des corticoïdes topiques et les trois quarts des parents les appliquent…
Doit-on prescrire des inhibiteurs de la calcineurine avant 2 ans ? Est-ce à dire que les inhibiteurs de la calcineurine restent encore peu employés en Europe ? L’histoire de ne dit pas. Aux Etats-Unis, par contre on en est à s’interroger sur les conséquences de l’avis émis par la FDA sur les risques théoriques potentiels de ces molécules (cancers cutanés et lymphomes), ce qui a conduit en mars 2005 à déconseiller ce traitement avant l’âge de deux ans. La comparaison de deux cohortes d’enfants de moins de deux ans chez lesquels le diagnostic de DA avait été posé avant ou après mars 2005 montre que la prescription d’inhibiteurs de la calcineurine a effectivement décru dans ce type de population après mars 2005 (57 % vs 64 %) et que ce traitement a été moins souvent utilisé en première intention après 2005 (4 % vs 8 %) alors qu’à l’inverse les corticoïdes topiques l’étaient plus souvent. Cette situation ne pouvait qu’inspirer de nouvelles recherches sur la toxicité réelle de ces inhibiteurs de la calcineurine. Une étude est en cours qui doit inclure 8 000 sujets, traités par inhibiteurs topiques de la calcineurine pendant au moins six semaines avant l’âge de 16 ans. Au mois de juin 2006, près de 1000 patients (50 % de filles) avaient déjà été enrôlés : ils étaient âgés en moyenne de 7,5 ans à l’inclusion, souffraient pour la plupart de DA modérée à sévère depuis en moyenne 5,5 ans et avaient reçu leur première application de tacrolimus à 4,8 ans en moyenne. A l’entrée dans l’étude, la durée moyenne d’exposition au tacrolimus était approximativement de 2,5 ans (0 à 10 ans) et depuis le début de l’étude la durée moyenne d’exposition supplémentaire a été de 12 mois  (70 % des patients appliquaient du reste toujours le tacrolimus au moment de l’inclusion, le plus souvent à la concentration de 0,1 %.) Par ailleurs 40 % des sujets avaient également reçu du pimecrolimus (durée moyenne d’exposition à l’inclusion 2,3 ans par patient). Chez ces mille enfants, aucune lésion tumorale, ni aucun effet secondaire sérieux n’a été constaté à ce jour.

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