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Dermatologie

Publié le 24 mar 2011Lecture 3 min

Dermatite atopique et allergie alimentaire : une confirmation et des recommandations

Dr Marie-Line Barbet
Les relations entre dermatite atopique (DA) et allergie alimentaire ont donné lieu à une abondante littérature médicale. Mais pour Jon Hanifin, les choses semblent claires : jusqu’à un tiers des enfants souffrant de dermatite atopique présente une allergie alimentaire, laquelle se manifeste dans la plupart des cas après l’atteinte dermatologique.
Il est parvenu à cette conclusion à l’issue d’une étude multicentrique conduite chez des nourrissons de 3 à 18 mois. Même parmi ceux dont la DA était modérée, l’incidence de l’allergie alimentaire s’est révélée être d’environ 15 % et cette incidence était nettement plus marquée dans les formes plus sévères de DA. Ceci justifie de prévenir les parents d’enfants atopiques qu’ils présentent un risque accru d’allergie alimentaire. Mais il faut rester prudent. Nombre d’enfants chez lesquels l’exploration allergologique a révélé une sensibilisation à des allergènes alimentaires sont soumis à des régimes restrictifs qui peuvent conduire à de véritables problèmes de malnutrition. Or, sensibilisation n’est pas allergie. Cette confusion fréquente a conduit à édicter de nouvelles recommandations pour le diagnostic de l’allergie alimentaire. Celle-ci y est définie comme une réaction précoce (dans les 30 minutes) après l’exposition à l’aliment, se traduisant par des manifestations cutanées (urticaire, prurit labial) et dans les cas plus sévères : symptômes respiratoires, gastro-intestinaux, anaphylaxie. La sensibilisation à un aliment est déterminée par la présence d’IgE sériques spécifiques à cet aliment et par des tests cutanés positifs. Mais si la positivité des tests cutanés et sanguins signe la sensibilisation, elle ne signifie pas qu’il y ait forcément allergie, celle-ci ne pouvant être confirmée que par un test de provocation orale. Ces nouvelles recommandations stipulent également que chez un enfant de moins de 5 ans atteint de DA modérée à sévère, une exploration à la recherche d’une allergie alimentaire au lait, à l’œuf, à la cacahuète, au blé et au soja doit être proposée si l’enfant souffre d’une dermatose persistante malgré une prise en charge optimale, et s’il a des antécédents de réaction immédiate après l’ingestion d’un aliment spécifique. Sur le plan physiopathologique, l’altération, d’origine génétique, de la barrière épidermique récemment identifiée comme le substratum de la DA, expliquerait la plus grande facilité donnée aux irritants, microbes et allergènes (dont les allergènes alimentaires) de pénétrer la peau et ainsi de déclencher une sensibilisation. Enfin les recherches se concentrent actuellement sur ce paradoxe : on observe en effet que les régimes restrictifs sont finalement à l’origine de d’avantage d’allergies alimentaires que les régimes diversifiés chez les jeunes enfants, tout se passant comme-ci ces derniers induisaient l’apparition d’une tolérance alimentaire. Des essais d’immunothérapie orale pour le contrôle de l’allergie alimentaire sont d’ailleurs en cours, et leurs résultats pourraient se révéler favorables pour la prévention de l’allergie alimentaire au cours de la dermatite atopique. 

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