Publié le 01 nov 2015Lecture 4 min
Pustulose à éosinophiles du nouveau-né
A. GALEZOWSKI, E. MAHÉ, Service de dermatologie, hôpital Victor Dupouy, Argenteuil
Adam, né à terme, a présenté le jour de sa naissance des pustules de grande taille touchant les extrémités. La grossesse et l’accouchement s’étaient déroulés sans complication. L’examen clinique de la mère le jour de l’accouchement était sans particularité, et notamment, la mère ne présentait ni lésion génitale, ni syndrome fébrile.
Observation À l’examen, il était constaté des pustules jaunâtres, prédominant au niveau palmo-plantaire (figures 1 et 2). Adam était apyrétique, et le reste de l’examen clinique était sans particularité. Les pustules ont été prélevées, mettant en évidence un liquide aseptique. Le cytodiagnostic de Tzanck a révélé une prédominance de polynucléaires à éosinophiles (PNE). Figure 1. Pustule digitale. Figure 2. Pustules plantaires. Diagnostic retenu Devant ces pustules apparues à la naissance chez le nouveau-né en bon état général par ailleurs, le diagnostic de pustulose à éosinophiles du nouveau-né a été retenu. Des soins locaux par émollients seuls ont été proposés. Les lésions ont disparu, sans nouvelle poussée, en 15 jours. Adam a été revu à 1 et 5 mois après l’accouchement, sans que de nouvelles lésions ou cicatrices ne soient constatées. Commentaires La pustulose à éosinophiles du nouveau-né survient le plus souvent durant les premiers jours ou premières semaines de vie, et peut être présente dès la naissance. Il existe une nette prédominance chez les garçons (sex ratio : 8). Les lésions correspondent à des vésicules ou des pustules stériles qui résultent d’une infiltration périfolliculaire d’éosinophiles prédominant au niveau du scalp, des mains et des pieds, mais pouvant aussi se développer sur le tronc. Ces pustules de 1 à 3 mm se développent sur une base érythémateuse, avec formation secondaire d’une croûte. L’évolution peut être chronique par poussées successives. Il n’est retrouvé aucune manifestation systémique associée. Il existe dans la plupart des cas, si elle est recherchée, une hyperéosinophilie systémique, ainsi qu’une hyperleucocytose. Le diagnostic repose essentiellement sur la clinique, cependant certains éléments peuvent y aider : – le cytodiagnostique de Tzanck et le frottis coloré par le MGG du contenu d’une pustule retrouve de nombreux PNE ; – la biopsie d’une pustule, si elle est réalisée, retrouve un infiltrat épidermique de PNE, et un infiltrat dermique riche en PNE, en lymphocytes et en histiocytes en périfolliculaire ; – la négativité des prélèvements microbiologiques élimine une étiologie infectieuse. L’étiologie de cette pathologie reste inconnue. Diagnostics différentiels Devant toute pustulose néonatale, il est nécessaire de différencier les pustuloses infectieuses des pustuloses non infectieuses (tableau). En effet, les causes infectieuses incluant les infections bactériennes, virales, fongiques, les infections à spirochètes et parasitaires peuvent être éliminées en analysant le contenu d’une pustule (cytodiagnostique de Tzanck, coloration de Gram, préparation avec de l’hydroxide de potassium). Une fois, les étiologies infectieuses éliminées, les autres étiologies doivent être évoquées. Les étiologies des pustuloses non infectieuses incluent : la pustulose à éosinophiles (ou folliculite pustuleuse à éosinophiles), l’acropustulose infantile, l’érythème toxique du nouveau-né, la mélanose pustuleuse transitoire néonatale et l’acné néonatale. L’acropustulose infantile (figure 3) est souvent associée à la gale chez le petit enfant. Des signes de gale seront recherchés. Les lésions pustuleuses prédominent sur les paumes et les plantes. Cette acropustulose peut persister malgré la guérison de la gale. Enfin, ces lésions ne sont jamais présentes à la naissance. Figure 3. Acropustulose infantile post-scabieuse. Prise en charge La pustulose à éosinophile du nouveau-né régresse spontanément dans un délai variable, en général d’environ 3 mois (maximum 5 ans). Un traitement par dermocorticoïdes peut réduire le prurit et le risque de récidive. Aucun traitement systémique (antibiotiques, antihistaminiques), ni aucun autre agent topique n’a prouvé son efficacité dans cette pathologie. La rubrique "En direct des staffs" est ouverte à tout médecin d'un service de pédiatrie souhaitant partager avec les lecteurs de Pédiatrie Pratique les cas discuttés dans son service et qu'il estime suffisament intéressants et édifiants pour être portés à la connaissance de ses confrères. Envoyer votre article
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