Publié le 24 mar 2025Lecture 4 min
En direct des staffs - Des conséquences qui peuvent être prévisibles…
Pierre FRANCES(1)*, Maryam Hessa KUREEMUN(2)*, Célia PONCE DE LEON(1)*, André DE BRITTO XAVIER(3)*, Louis BABBY(4)*

Aristide, 17 ans, présente des douleurs au niveau de ses deux mamelons. Il a noté la présence de taches de sang sur son maillot qui l’inquiète grandement. En fait, cette symptomatologie fait suite à la pratique de footing qu’il affectionne particulièrement depuis 3 mois.
Nous connaissons très bien Aristide, qui est complexé du fait d’un problème de surpoids. Son indice de masse corporelle (IMC) est de 27 avec une taille de 178 cm et un poids de 85 kg. De ce fait, il nous a demandé des conseils alimentaires que nous lui avons donnés, avec un éclairage assez poussé. En parallèle, il a décidé de pratiquer du sport afin de renforcer sa musculature et avoir de cette manière un corps d’Apollon (il est complexé par ses camarades qui pratiquent régulièrement la musculation).
En revenant sur le motif de consultation de ce jeune, nous effectuons un examen clinique de cette région, et nous constatons la présence d’effractions cutanées au niveau du mamelon droit avec présence de sang (figure 1, flèche verte).
Le mamelon gauche est assez douloureux et on note également une légère trace de saignement à ce niveau (figure 2, flèche rouge).
Figures 1 et 2. Mamelons avec des traces d’effraction cutanée et présence de sang (flèches rouge et verte).
Aristide nous explique que cette symptomatologie est apparue en fin de course et elle s’est exacerbée dès lors que son maillot frottait au niveau de cette zone. Ce dernier nous montre le maillot qu’il portait lors de cette course, lequel était composé exclusivement de coton (figure 3).
Figure 3. Vêtement en coton porté par Aristide durant sa course.
En fait, cette description clinique correspond à une entité fréquemment décrite dans les forums tout public : le mamelon du jogger.
Le mamelon du jogger
Bien que très peu décrite dans les revues scientifiques, le mamelon du jogger(1,2) est une pathologie qui est fréquemment observée chez les patients. Elle est mise en évidence quel que soit l’âge de celui qui pratique la course (le sport le plus enclin à favoriser cette dermatose cutanée).
On observe le plus souvent cette entité chez les hommes, probablement du fait qu’ils pratiquent plus facilement cette activité sportive que les femmes, ou du fait des vêtements portés.
Par ailleurs, en fonction de la distance parcourue le nombre de sujets atteints est différent :
– pour une distance ≤ 24 km, 3,6 % des coureurs sont concernés ;
– pour une distance comprise entre 25 et 64 km, 6,25 % ;
– pour une distance > 65 km, 36 % d’entre eux le sont.
Autrement dit, il existe une proportionnalité entre la fréquence de cette pathologie et la distance parcourue.
À l’origine du mamelon du jogger, nous retrouvons le plus souvent : le port d’un maillot en coton, le frottement trop intense au niveau de la poitrine, certains facteurs atmosphériques (cas d’une course durant une période froide et humide ou en pleine chaleur), des facteurs personnels dermatologiques (dermatite atopique notamment).
Caractéristiques cliniques(2-4)
Le dénominateur le plus fréquent observé dans ce cas de figure est la gêne, voire la douleur.
Il peut s’agir d’un simple tiraillement ou une sensation de brûlure très désagréable et per manente.
Cette manifestation clinique est objectivée au niveau des deux mamelons le plus souvent.
D’autres symptômes peuvent également être observés de manière plus ou moins constante (tableau 1).
Prise en charge(3-5)
Elle peut être préventive (tableau 2). À titre curatif, il est important de :
– appliquer sur le mamelon des gazes qui permettent au revêtement cutané d’être en contact avec le milieu extérieur. Cette prise en charge évite que des agents extérieurs (poussières) puissent s’incruster au niveau d’une zone fragilisée ;
– appliquer un topique qui permet une cicatrisation (cas de crème à base d’acide hyaluronique) ;
– mettre sur les deux mamelons une solution antiseptique comme de la chlorhexidine ;
– recommander au coureur d’observer une période de repos d’une semaine (délai nécessaire avant une cicatrisation complète) ;
– en cas d’une possible surinfection (cas d’une effraction cutanée importante), on recommande l’application de savon naturel.
Conclusion
Il nous est apparu nécessaire de bien réconforter Aristide, et lui expliquer que les manifestations cliniques observées n’ont aucune conséquence sur son état général.
Nous lui avons prodigué les différents conseils que nous avons développés précédemment, et nous l’avons encouragé à poursuivre son activité sportive qui lui permet de s’épanouir.
Bien entendu, nous lui avons également recommandé de ne pas aller au-delà des limites sup portées par son organisme, et nous lui avons conseillé de ne pas regarder une éventuelle performance, mais un bien-être personnel.
* 1 Pierre FRANCES, Médecin généraliste, Banyuls-sur-Mer
2 Maryam Hessa KUREEMUN, Externe, Montpellier
1 Célia PONCE DE LEON, Médecin généraliste, Banyuls-sur-Mer
3 André DE BRITTO XAVIER, Interne en médecine générale, Paris
4 Louis BABBY, Interne en médecine générale, Montpellier
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