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L'œil du médecin d'adolescents

Publié le 08 juil 2022Lecture 3 min

Brûlures mictionnelles et pollakiurie

Renaud DE TOURNEMIRE, hôpital Ambroise Paré (AP-HP), hôpital de Poissy-Saint-Germain-en-Laye

Valeria, 16 ans, consulte pour brûlures mictionnelles et pollakiurie. C’est la première fois qu’elle présente ce type de symptômes. Elle n’a pas de fièvre. Valeria n’a jamais eu de problèmes de santé en dehors de quelques otites. Elle a eu sa ménarche à 12 ans. Ses règles sont régulières, peu douloureuses. La date de ses dernières règles remonte à dix jours. L’examen clinique est normal.

Vous pensez à une cystite simple. Une bandelette urinaire (BU) montre la présence d’une leucocyturie +++, de nitrites ++ et des traces de sang. Une ordonnance pour un traitement antibiotique par Monuril® en dose unique est remise à Valeria. Un ECBU est également prescrit, à ne faire qu’en cas de persistance des symptômes. La cystite à l’adolescence Pour une cystite simple, non récidivante, une simple bandelette urinaire à la recherche de leucocytes et nitrites est suffisante. Un examen cytobactériologique des urines (ECBU) n’est pas nécessaire. Le traitement recommandé est l’association fosfomycine-trométamol, par exemple Monuril® 3 g, soit un sachet en dose unique à jeun ou à distance d’un repas. Ce traitement est autorisé à partir de 12 ans. Un ECBU sera demandé en cas d’évolution défavorable à J3 ou de récidive dans les 15 jours.  Pour une cystite récidivante (au moins 4 épisodes pendant 12 mois) L’interrogatoire doit rechercher : des facteurs de risque de complications et, en particulier, des anomalies fonctionnelles ou organiques de l’arbre urinaire (le diabète n’est pas un facteur de risque de complication) ; la corrélation infection urinaire (IU) et relations sexuelles ; les antibiothérapies précédentes et les éventuels ECBU antérieurs. L’examen physique doit comporter un examen pelvien avec recherche de prolapsus et exa men de l’urètre, dans un contexte adapté sans urgence (consultation gynécologique). Pour les premiers épisodes de récidive, un ECBU est indiqué . Il n’y a pas lieu d’investigation complémentaire systématique si l’examen clinique est normal. Les facteurs de risque des cystites récidivantes sont : l’activité sexuelle ; une première infection urinaire avant 15 ans ; un antécédent d’IU dans la famille au premier degré (mère, sœur) ; une obésité ou une anorexie ; un diabète de type 1 ou 2 (la glycosurie favorise les IU). Traitement préventif Apports hydriques suffisants, mictions non retenues, régularisation du transit intestinal s’il y a lieu. La canneberge n’a pas fait la preuve de son efficacité. Le traitement curatif d’un épisode de cystite récidivante est celui d’une cystite simple. Après éducation, possibilité d’automédication : BU puis antibiothérapie si BU positive (remettre les ordonnances à la patiente). Si infections urinaires très fréquentes (au moins 1 fois par mois), une antibioprophylaxie continue peut être proposée avec réévaluation au moins 2 fois par an : 1 comprimé de cotrimoxazole 400/80 tous les jours ou en deuxième intention, 3 g de fosfomycinetrométamol tous les 7 jours. Une occasion ratée de parler de sexualité Les cystites sont fréquentes au début de la vie sexuelle. Il faut donc penser à interroger l’adolescente sur l’existence de rapports sexuels (information du lien possible avec les relations sexuelles, amorce de dialogue autour de la sexualité). En cas de cystite post-coïtale récidivante, on peut prescrire dans les 2 heures précédant ou suivant le rapport sexuel 1 comprimé de cotrimoxazole 400/80 : par ex. :  Bactrim adulte® 1 cp ou en deuxième intention 3 g de fosfomycine-trométamol (administration tous les 7 jours au maximum en raison de l’effet prolongé  de la prise unique). Le médecin doit s’efforcer d’établir avec l’adolescent un lien de confiance en posant avec tact et délicatesse certaines questions. Le domaine à aborder est vaste et doit être adapté à la maturité de l’adolescent. Parmi les sujets importants, on notera la puberté, les premiers rapports sexuels, la contraception et les IST, l’orientation sexuelle, le désir d’enfant, etc., en prenant le temps d’évoquer les idées fausses les plus répandues en la matière. Les violences subies devront égale-ment être interrogées. L’adolescent, qui se questionne sur sa normalité, a besoin d’être écouté et rassuré. Le médecin doit pouvoir donner à l’adolescent des coordonnées de sites ou de lieux où il trouvera le cas échéant un accompagnement approprié.

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