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Endocrinologie-Diabétologie

Publié le 11 déc 2021Lecture 3 min

Brèves histoires de la médecine du quotidien

Bertrand CHEVALLIER, Boulogne-Billancourt

« Tout enfant vu en consultation doit être mesuré et pesé et la courbe de croissance tracée. » Cet adage est le plus souvent respecté au moins pendant les 5 premières années. Mesurer et peser un enfant est un élément important, mais apprécier sa dynamique de croissance staturo-pondérale est un paramètre indispensable, non seulement en tant que marqueur de la bonne santé d’un individu en croissance mais également pour pouvoir repérer un événement particulier.

La taille d’un enfant est très dépendante des facteurs familiaux et plus qu’un point donné (entre -2DS et +2 DS), c’est le caractère régulier ou non de sa croissance qui doit être considéré comme le signe d’alarme éventuel d’un processus pathologique. Inscrire les différentes mesures de poids et de taille permet d’apprécier ainsi la vitesse de croissance et de détecter une éventuelle cassure, indication majeure à la mise en œuvre d’explorations complémentaires. Une absence de traçage de la courbe de croissance concerne 30 % des carnets de santé entre 6 et 13 ans (thèse de médecine, Paris, 2018). Détecter une cassure de la croissance Philippine, 6 ans, est suivie régulièrement en consultation par son médecin traitant qui la voit tous les six mois depuis la naissance. Cette petite fille va bien, ses parents ne sont pas très grands (père : 167 cm, mère : 154 cm). Elle est en bonne santé. Elle est mesurée tous les six mois, mais depuis l’âge de deux ans, les points de taille ne sont plus retranscrits sur la courbe. L’examen du carnet de santé montre : 2 ans : 82 cm ; 2 ans 1⁄2 : 85 cm ; 3 ans : 87 cm ; 4 ans : 93 cm ; 5 ans : 98 cm ; 6 ans : 102,5 cm. Ainsi, cette petite fille est passée de -0,8 DS à -2,4 DS en 4 ans, sans que le médecin traitant s’en aperçoive et c’est le médecin scolaire qui ayant noté cette petite fille comme la plus petite de sa classe, qui l’adresse pour explorations. Le diagnostic de syndrome de Turner est porté à l’issue d’une courte hospitalisation. Antoine a 12 ans lorsque sa grand-mère, qui l’élève, ses parents sont à l’étranger pour deux années, l’amène voir un spécialiste, parce qu’elle souhaite un avis sur sa croissance. En effet, elle ne comprend pas pourquoi contrairement à son frère aîné, Antoine porte toujours le même pantalon depuis deux ans (elle n’a pas eu besoin de le rallonger). Son médecin traitant à qui elle en a parlé a mesuré Antoine et a noté une taille normale. À l’examen, Antoine va bien, mesure 145 cm, pèse 37 kg et est très rassurant. L’examen du carnet de santé est décevant : aucun point de poids ni de taille notés entre l’âge de 6 ans et maintenant. Voyant que la grand-mère n’était pas complètement convaincue des paroles rassurantes du corps médical, il est décidé d’explorer Antoine. Cette exploration note une absence de réponse aux tests de stimulation de l’hormone de croissance et le scanner cérébral montre une tumeur hypophysaire qui à l’intervention se révèle être un craniopharyngiome. Une enquête de type « détective » retrouve finalement deux mesures à l’âge de 9 et 11 ans, au cours de visites scolaires en province qui indiquent en fait qu’Antoine n’a pris que 2 cm en 18 mois, confirmant ainsi les dires de la grand-mère.

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