Publié le 11 déc 2021Lecture 5 min
Actualité de l’Inserm
Bertrand CHEVALLIER, Boulogne-Billancourt
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Le traitement par hormone de croissance chez les enfants guéris d’un cancer n’augmente pas le risque de survenue d’une seconde tumeur
Des équipes de l’hôpital Bicêtre (AP-HP), de l’Inserm, de Gustave Roussy et de l’Université Paris-Saclay ont étudié l’influence d’un traitement par hormone de croissance sur le risque de survenue d’une seconde tumeur chez 2 852 adultes guéris d’un cancer dans l’enfance.
Les données confirment que le traitement par hormone de croissance chez ces enfants présentant un déficit en hormone de croissance n’augmente pas le risque de survenue d’un second cancer. Cette étude apporte donc des informations rassurantes sur le devenir à long terme de ces enfants guéris d’un cancer et traités par hormone de croissance pour leur permettre d’atteindre une taille adulte normale. Ces résultats ont été publiés dans la revue European Journal of Endocrinology en septembre 2020.
Le déficit en hormone de croissance est une complication habituelle de la radiothérapie cérébrale. Les enfants traités par radiothérapie ont besoin d’un traitement pour compenser ce déficit et pour atteindre une taille adulte normale, mais des craintes avaient été rapportées sur une éventuelle augmentation du risque d’apparition d’une autre tumeur à l’âge adulte causée par ce traitement.
Des chercheurs de l’unité 1018 du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP) (Inserm/Université Paris-Saclay/Gustave-Roussy) et de l’hôpital Bicêtre (AP-HP), ont analysé les données d’une cohorte française, Euro2k, qui réunit 2 852 survivants d’un cancer pédiatrique diagnostiqué avant l’âge de 18 ans, avant 1986. Parmi eux, 196 avaient été traités dans l’enfance par hormone de croissance.
L’équipe de recherche a étudié l’influence du traitement par hormone de croissance sur la survenue des secondes tumeurs, avec un recul de 26 ans, en tenant compte des doses de radiation reçues par l’ensemble des organes du corps. Celles-ci ont été obtenues grâce à une reconstitution de la radiothérapie reçue pour chaque enfant. Dans cette cohorte, 374 survivants ont développé une seconde tumeur, dont 40 ayant reçu un traitement par hormone de croissance dans l’enfance. L’analyse des données montre que le traitement n’est pas associé à un risque accru de secondes tumeurs. Néanmoins, ces chercheurs ont trouvé chez les survivants ayant reçu un traitement par hormone de croissance pendant plus de 4 ans, une légère augmentation du risque (x 2) de méningiome, une tumeur bénigne des méninges favorisée par de fortes doses de radiothérapie. Ce léger excès de risque de méningiome chez les survivants ayant reçu plus de 4 ans de traitement par hormone de croissance n’est cependant pas significatif et il n’y a pas d’évidence que ce soit l’hormone de croissance qui en soit responsable.
« Cette étude apporte des informations sur le devenir à long terme des enfants que nous traitons par hormone de croissance pour un déficit secondaire au traitement de leur cancer. Ces nouvelles données nous permettent d’aborder sereinement le traitement par hormone de croissance chez ces enfants guéris d’un cancer, lorsqu’il est nécessaire et de rassurer les familles concernant l’absence d’augmentation du risque de secondes tumeurs lors de ce traitement», conclut le Dr Cécile Thomas-Teinturier, pédiatre-endocrinologue à l’hôpital Bicêtre (AP-HP) et premier auteur de l’étude.
Retard de croissance intra-utérin : l’expression des gènes du fœtus serait impliquée
Une expression déséquilibrée de certains gènes du fœtus pourrait être à l’origine de deux syndromes de retard de croissance, des pathologies aux conséquences graves pour l’enfant à naître. Un pas de plus dans la compréhension des retards de croissance intra-utérins (RCIU).
Cette pathologie, caractérisée par un petit poids de naissance et une importante morbidité néonatale, a fait l’objet d’une recherche dirigée par Irène Netchine, professeure de physiologie à La Sorbonne Université et pédiatre à l’hôpital Armand- Trousseau, Boulogne-Billancourt (AP-HP). L’ étude publiée le 20 février 2019 dans la revue Science Advances(1), s’est focalisée sur deux syndromes à l’origine d’un RCIU : le syndrome de Temple et le syndrome de Silver Russell. Ces maladies aux conséquences graves pour le fœtus pourraient être régies par l’expression de certains gènes.
ADN maternel contre ADN paternel
En premier lieu, rappelons que chez tout individu, la moitié de l’ADN provient de la mère et l’autre moitié du père. Une personne possède donc deux copies de chaque gène : une copie maternelle et une copie paternelle, qui s’expriment généralement de façon équivalente. Mais ce n’est pas toujours le cas et parfois, une des deux copies s’exprime plus que l’autre (on dit que les gènes sont alors « soumis à empreinte parentale »).
De tels déséquilibres peuvent être lourds de conséquence lorsqu’ils concernent des gènes impliqués dans la croissance du fœtus. « Les gènes exprimés par la copie maternelle ont en effet tendance à restreindre la croissance du fœtus pour préserver ses propres réserves, alors que les gènes exprimés par la copie paternelle favorisent quant à eux la croissance fœtale pour assurer une descendance en bonne santé et transmettre ses gènes à la génération suivante », détaillent l’AP-HP et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)dans un communiqué de l’Inserm(2).
Manipuler l’expression des gènes pour traiter les RCIU ?
Pour les deux syndromes étudiés, les chercheurs ont réussi à identifier précisément les dysfonctionnements de l’activité de deux chromosomes fœtaux impliqués dans les syndromes de Temple et de Silver Russell. Mais leurs travaux pourraient aller plus loin : « Ces syndromes constituent des modèles intéressants pour comprendre de manière plus générale les pathologies de croissance fœtale, explique Irène Netchine. À plus long terme, on pourrait même imaginer des projets de recherche pour réprimer l’expression d’un gène d’ADN maternel ou à améliorer celle de l’ADN paternel. » La finalité serait, en quelque sorte, d’obtenir une certaine parité dans l’expression des gènes. « Mais pour le moment, ces scénarios relèvent encore de la science-fiction ! »
En attendant, l’implication des gènes fœtaux et de leur expression contribue à redéfinir les origines possibles du RCIU, qui reste inexpliqué dans 30 % des cas. Jusqu’à présent, les principaux facteurs identifiés concernent l’exposition de la mère à des toxiques comme le tabac, son hypertension artérielle ou une pathologie du placenta. Cette nouvelle étude montre qu’il peut aussi être lié à des facteurs non maternels.
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