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Dermatologie

Publié le 13 déc 2017Lecture 5 min

Ne pas confondre éruption virale et paravirale

Anne-Claire BURSZTEJN, Service dermatologie-allerglogie, CHRU de Nancy

Il ne faut pas confondre éruption d’allure virale et éruption paravirale. Un syndrome paraviral est défini par une éruption reconnaissable : tableau stéréotypé, identique chez plusieurs patients. L’origine virale de cette éruption est connue ou suspectée, mais d’autres étiologies peuvent provoquer les mêmes symptômes comme, par exemple, des médicaments.

Les signes cliniques ne sont pas liés à l’effet direct du virus ou de ses particules (réaction d’ordre immunologique suspectée). Classiquement, l’éruption paravirale débute par des prodromes, survient par petites épidémies avec des variations saisonnières, et n’est pas associée à des récurrences. Cette définition peut ainsi s’appliquer à des entités déjà définies nosologiquement, telles que l’érythème polymorphe, l’urticaire ou l’érythème noueux. Elle s’applique aussi à des entités non définies nosologiquement : l’acrodermatite papuleuse infantile de Gianotti-Crosti, le pityriasis rosé de Gibert, le syndrome papulo-purpurique en gants et chaussettes, l’APEC, la pseudo-angiomatose éruptive et plus récemment l’hypomélanoe éruptive(1). Nous allons détailler ces dernières entités. Acrodermatite papuleuse infantile de Gianotti-Crosti Clinique Il s‘agit d’une éruption papuleuse et symétrique, touchant majoritairement les faces d’extension des membres supérieurs et inférieurs, et fréquemment le visage, mais épargnant globalement le tronc (figure 1). La lésion élémentaire est une papule érythémateuse ou couleur chair, peu ou pas prurigineuse. Les lésions sont monomorphes, faites d’éléments isolés et parfois confluants. L’évolution est spontanément favorable, mais l’éruption peut se prolonger plusieurs semaines. Étiologie Les premières descriptions de cette éruption étaient en lien avec des infections par le virus de l’hépatite B, mais depuis la cause la plus fréquente est l’herpès virus. D’autres étiologies sont rapportées telles que les vaccinations. L’éruption apparaît alors en phase d’immunisation soit quelques jours à quelques semaines après la vaccination. Le délai de cicatrisation est alors très variable, parfois extrêmement prolongé. Certaines bactéries ont également été impliquées dans le syndrome de Gianotti-Crosti telles que Mycoplasma pneumoniæ ou Bartonella henselae. Traitement Un traitement n’est pas impératif. Des émollients peuvent être proposés pour aider à la cicatrisation, notamment en cas de prurit(2,3). Pityriasis rosé de Gibert C’est une éruption fréquente, souvent saisonnière, au printemps ou à l’automne. Elle touche majoritairement le grand enfant et l’adulte jeune (entre 10 et 35 ans). Clinique Les lésions cutanées peuvent être précédées d’une phase prodromique associant sensation de malaise général, nausées, arthralgies et céphalées. L’éruption débute par l’apparition d’un « médaillon héraldique », classiquement localisé sur le tronc, dans le cou ou la racine des cuisses. Cette lésion est de plus grande taille que les autres. Elle mesure de 2 à 6 cm de grand axe. Elle est suivie 48 heures, voire plusieurs semaines plus tard par de multiples lésions similaires de petite taille, disposées selon les lignes de tension de la peau en « sapin de Noël » (figure 2). Classiquement, il n’y a pas de lésion du visage ou du cuir chevelu. Chacune de ces lésions est une macule érythémateuse, finement squameuse avec une collerette desquamative interne. La bordure est souvent plus inflammatoire que le centre (plus clair). Les lésions sont asymptomatiques et disparaissent après environ 3 à 6 semaines. Il n’est pas rare d’observer au décours de cette éruption des séquelles hypo- ou hyperpigmentées transitoires, témoignant de l’inflammation cutanée passée. Étiologie Les principaux virus incriminés sont les virus du groupe Herpès, en particulier des réactivations HHV6 et HHV7. Des médicaments pourraient être responsables de Pityriasis rosé de Gibert tels que les bêtabloquants, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion ou la griséofulvine. Traitement Aucun traitement n’est nécessaire. En cas de forme prurigineuse ou vésiculeuse, les dermocorticoïdes peuvent avoir un intérêt(2,3). Syndrome papulo-purpurique en gants et chaussettes Clinique Cette éruption est strictement localisée aux extrémités : mains et pieds. Elle est responsable d’un œdème érythémateux et prurigineux des paumes et plan - tes de survenue brutale. Ces lésions s’accompagnent de papules millimétriques dans les mêmes localisations et d’un purpura pétéchial parfois plus étendu (atteinte des chevilles), voire à distance cutanée (genoux, organes génitaux ex - ternes) ou muqueuse (buccale). Des signes généraux associés sont fréquents. L’évolution est classiquement favorable après 15 jours. Étiologie Le principal agent pathogène documenté pour cette éruption est le parvovirus B19. D’autres virus tels que celui de la rougeole, de la rubéole, le cytomégalovirus ou des virus du groupe Herpès, mais aussi des bactéries ou des médicaments ont pu être incriminés. Traitement Des dermocorticoïdes (classe III) peuvent être proposés pour soulager le prurit (1 application par jour pendant 7 à 10 jours). Le repos aide à limiter le caractère purpurique et permet de faire diminuer l’œdème(4,5). APEC Le nom de cette éruption est un acronyme APEC pour Asymetric Periflexural Exanthem of Childhood. Clinique Cette éruption touche surtout les enfants en bas âge, de moins de 2 ans. Elle est caractérisée par une topographie spécifique : exanthème maculopapuleux débutant dans un grand pli, généralement le pli axillaire, d’extension centrifuge et asymétrique (figure 3). Les lésions persistent 3 à 6 semaines et disparaissent avec une desquamation fine. Une atteinte controlatérale est possible au cours de l’évolution, souvent moins intense que l’atteinte initiale. Des prodromes sont fréquents associant signes digestifs, ORL et respiratoires, et une fièvre modérée. Étiologie Il n’existe pas, à ce jour, d’étiologie principale à cette éruption(2,3). Pseudo-angiomatose éruptive Clinique Il s’agit d’une éruption de macules et papules angiomateuses apparaissant sur un mode éruptif, souvent au décours d’un épisode infectieux ORL. Chacune des lésions est entourée d’un hâlo de vasoconstriction. Les lésions disparaissent sous l’effet de la vitro pression. La distribution de ces lésions est aléatoire. Elle peut toucher le visage, le tronc et les extrémités. L’évolution est spontanément favorable sous 10 jours et ne justifie pas de traitement. Étiologie Plusieurs virus ont été incriminés : échovirus, parvovirus B19, coxsackie, EBV ou vaccination par le ROR. Enfin, un tableau similaire attribué à des piqûres d’insectes est rapporté au Japon(6). Hypomélanose éruptive Il s’agit de la plus récente des éruptions paravirales, décrite en 2014(7). Clinique L’éruption est faite de petites pa pules monomorphes de 3 à 5 mm, asymptomatiques, touchant les faces d’extension des membres. Des prodromes sont fréquents. L’évolution est spontanément favorable après 2 à 4 semaines. Conclusion Les syndromes paraviraux sont des éruptions cutanées reconnaissables, non liées à l’effet direct du virus mais souvent d’origine virale. D’autres étiologies peuvent en être la cause. Comme toute lésion d’origine virale, l’évolution est spontané- ment résolutive. Il con vient d’apprendre à les reconnaître afin de pouvoir expliquer aux parents l’évolution, l’absence d’examen complémentaire nécessaire et la nature symptomatique des traitements, voire l’abstention thérapeutique.

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