Publié le 15 avr 2008Lecture 5 min
Vaccination contre les HPV
M. Deker
Cervarix®, le vaccin développé par GSK, vise à prévenir les lésions précancéreuses et le cancer du col ; il a donc été conçu pour une efficacité optimale vis-à-vis des HPV types 16 et 18, les plus fréquents des HPV oncogènes, impliqués dans plus de 70 % des cancers du col. L’infection par HPV est fréquente. Son pic de prévalence se situe vers 20-24 ans, ce qui explique que les recommandations nationales préconisent de vacciner tôt, dès 14 ans, sans oublier la tranche d’âge des 15-23 ans.
Un vaccin préventif efficace durablement Cervarix® est composé de pseudo-particules virales, L1 VLP HPV 16/18, non infectieuses et non oncogènes, qui entraînent la production d’anticorps sériques à un niveau élevé ; ces anticorps vont transsuder au niveau du col utérin et neutraliser les HPV au niveau de la muqueuse cervicale. Ce vaccin vise une efficacité optimale et durable vis-à-vis d’HPV 16 et 18, en conférant une immunité la plus durable possible, avec une bonne tolérance. Le système adjuvant (AS04) de Cervarix® associé aux pseudo-particules virales L1 VLP HPV 16/18, permet de générer des taux d’anticorps anti-HPV 16 et 18 très élevés et ce, jusqu’à au moins 5,5 ans. Le programme de développement confirme l’efficacité et la bonne tolérance du vaccin À ce jour, plus de 35 000 patientes ont été incluses dans les essais cliniques de ce vaccin. L’étude HPV-001/007 est une étude de cohorte ayant inclus 1 113 jeunes filles naïves vis-à-vis des HPV, comparativement à des témoins. Cette étude bénéficie aujourd’hui d’un recul de 5,5 ans de suivi. Aucun cas d’infection persistante à HPV 16/18 (définition 12 mois), considérée comme le principal facteur de risque de développement des lésions précancéreuses du col de l’utérus, n’a été observé comparativement à 7 cas survenus dans le groupe témoin. Outre cette efficacité de 100 %, les données d’immunogénicité à long terme sont remarquables, avec des taux d’anticorps anti-HPV 16 et 18 qui se maintiennent en plateau (Harper D et al. Lancet 2006 ; 367 : 1247-55), à des valeurs au moins 11 fois supérieures aux taux des anticorps naturels, et une parfaite corrélation avec les concentrations en anticorps anti-HPV 16 et 18 retrouvés au niveau des sécrétions cervico-vaginales (Poncelet et al., 2007). Les données de cette étude laissent penser qu’un rappel vaccinal n’est sans doute pas nécessaire. L’étude HPV-008, menée chez plus de 18 000 patientes âgées de 15 à 25 ans, a été réalisée en population générale, chez des jeunes filles pouvant avoir été infectées par HPV au moment de la vaccination, versus Havrix®. Cette large étude fournit des informations essentielles sur l’épidémiologie des infections à HPV chez les jeunes filles. Ainsi, à l’inclusion dans l’étude, 0,5 % des jeunes filles avaient un test ADN + pour HPV 16 et 18 ; 4,5 % étaient séropositives pour ces deux types ; 2,3 % étaient ADN + pour HPV 18 et 5,6 % séropositives pour ce type ; 5,4 % étaient ADN + pour HPV 16 et 10,8 % séropositives pour ce type. Au final, 80 % n’étaient ni séropositives ni HPV positives pour les deux types 16 et 18 ; dans leur majorité, ces patientes pouvaient être considérées comme n’ayant pas encore été exposées à HPV 16 et HPV 18. Cela montre que la vaccination est encore possible même après le début de la vie sexuelle. L’efficacité sur les lésions CIN2+ liées à HPV 16 ou 18 a été, dans le cadre de l’analyse additionnelle, de 100 % (90,4 % dans l’analyse prévue au protocole) (Paavonen J et al. Lancet 2007 ; 369 : 2161-70). La tolérance du vaccin est bonne (pas d’effet sur les grossesses). Il n’a pas été observé de différence significative en termes de maladies auto-immunes, ce que confirme une analyse poolée conduite chez plus de 44 000 sujets ayant bénéficié d’un vaccin adjuvé par AS04. Enfin, l’étude HPV-012, réalisée chez les jeunes filles âgées de 10 à 14 ans, montre que l’immunogénicité du vaccin est comparable, voire supérieure dans cette tranche d’âge, à celle chez les 15-25 ans (Pedersen et al. J Adolescent Health 2007 ; 40 : 564-71). Le rôle du pédiatre : informer et vacciner En pratique, la vaccination anti-HPV est indiquée chez les jeunes filles dès l’âge de 14 ans, avec une possibilité de rattrapage chez les 15 à 23 ans, au plus tard dans l’année suivant les premiers rapports sexuels. Bien que cette vaccination intervienne à un âge où les consultations chez le pédiatre se raréfient, ce dernier a un rôle majeur pour expliquer l’action préventive à long terme de cette vaccination. Il est de son ressort d’aborder les questions de sexualité et de contraception, d’expliquer ce qu’est l’infection à HPV et ses conséquences à long terme, afin de faciliter l’acceptation de cette vaccination et ce, sans amoindrir les autres messages de prévention des infections sexuellement transmissibles. Les conseils du pédiatre ont, en effet, une grande influence sur les décisions parentales. Ces derniers peuvent craindre que la vaccination anti-HPV influe sur le comportement sexuel de leur fille ou présente des effets secondaires potentiels. Le refus parental repose parfois sur des convictions religieuses, mais surtout sur l’ignorance de l’infection à HPV, de ses conséquences, et de l’efficacité et la tolérance de cette vaccination.
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