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Pédiatrie générale

Publié le 16 oct 2007Lecture 4 min

Mortalité des enfants de moins de 5 ans : il faut agir vite !

Dr Jean-Marc Retbi
Pour engager le XXIe siècle sous de bons auspices, les États Membres des Nations Unies ont établi, en 2000, huit objectifs essentiels à atteindre d’ici à 2015. Le quatrième de ces objectifs « du Millénaire pour le développement » (OMD 4) vise à réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans. En 2007, à mi-parcours, le temps presse car les progrès réalisés jusqu’à présent sont encore trop modestes, en particulier dans les pays en voie de développement.
Les chiffres présentés par R. Black (USA) parlent d’eux-mêmes : de 10 à 11 millions d’enfants de moins de 5 ans continuent à mourir chaque année avec une grande majorité de ces décès qui surviennent dans des pays pauvres ou émergents, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du sud. Les pneumonies (19 %), les diarrhées (18 %), les infections néonatales (10 %), le paludisme (8 %), les accouchements prématurés (8 %) et l’asphyxie périnatale (8 %) sont responsables de plus de 70 % des décès. En Afrique subsaharienne, le paludisme et l’infection à VIH sont à l’origine respectivement de 18 % et de 6 % des décès. La forte mortalité des pneumonies, des diarrhées et du paludisme s’explique, le plus souvent, par la conjonction de l’infection et d’une malnutrition. On a récemment estimé que l’insuffisance staturo-pondérale, le retard de croissance intra-utérin et les carences en vitamine A, zinc, fer et iode contribuaient à environ 30 % des décès des enfants avant l’âge de 5 ans.   Des mesures concrètes Au cours de ces dernières années, les taux de mortalité ont diminué mais trop lentement pour atteindre l’objectif fixé. Après avoir validé ce constat, ZA. Bhutta (Pakistan) a passé en revue les différentes actions possibles. Il a également rappelé le rôle des groupes de soutien communautaires et des professionnels de santé dans l’éducation sanitaire et les soins au nouveau-né. Des propositions ayant un bon rapport coût-efficacité et susceptibles d’améliorer la survie des jeunes enfants, la survie et le devenir des nouveau-nés et la nutrition de la mère et de l’enfant ont été publiés par différents groupes de réflexion dans le Lancet en 2003, 2005 et encore tout récemment. Ont aussi été mis en exergue l’intérêt de la méthode kangourou (pour les enfants prématurés) ;  des vaccinations (contre le rotavirus, le pneumocoque, la fièvre typhoïde…) ; de la pression positive continue nasale chez le prématuré ; des probiotiques en cas de diarrhée et du traitement anti-rétroviral intensif chez l’enfant infecté par le VIH. Les actions doivent être choisies en fonction de leur efficacité et de leur pertinence pour un système de santé donné, et seules, celles dont le niveau de preuve est moyen ou fort, doivent être retenues ; la principale difficulté étant de permettre aux populations qui en ont le plus besoin d’y avoir accès ! J. Schaller (Canada), directrice exécutive de l’IAP, s’est interrogée sur le savoir dont devait disposer les pédiatres pour lutter contre les maladies des jeunes enfants, qui entraînent tant de décès et aussi tant d’invalidités. Si les pédiatres du monde entier se définissent tous comme « des médecins qui ont acquis une spécialisation pour s’occuper de la santé des enfants », ils ne font pas les mêmes études et n’exercent pas tous de façon identique. Dans le tiers monde, ils sont en général trop peu nombreux pour assurer les services de santé de l’enfance. Dans d’autres pays, ils sont considérés comme des dispensateurs de « soins primaires » et non comme des spécialistes. Que doit donc savoir le pédiatre ? D’après J. Schaller, le minimum indispensable est de bien comprendre les problèmes de santé des enfants de son propre pays et d’apprendre à les prévenir et à les soigner. Le pédiatre d’un pays en voie de développement doit-il s’intéresser à la médecine de haute technicité ? La question se pose. Que peuvent faire les pédiatres pour atteindre l’OMD 4 ? Ils peuvent en particulier établir des normes de soins pour les nouveau-nés et les enfants bien portants, conseiller les établissements de santé, éduquer les professionnels de santé et le public, développer la recherche, et donner leur avis sur la politique de santé du pays. C’est à l’échelon national que doivent se régler les problèmes sanitaires de la mère et de l’enfant.

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