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Allergologie - Immunologie

Publié le 10 mai 2010Lecture 3 min

Allergie alimentaire et eczéma atopique de l’enfant : une enquête difficile

Dr Roseline Péluchon
Depuis longtemps les aliments sont reconnus responsables de réactions allergiques immédiates, IgE-dépendantes. Leur rôle dans les poussées d’eczéma, moins bien connu, à la fois souvent surestimé par les parents mais difficile à prouver, semble pourtant bien réel et pourrait concerner 40 % des enfants ayant un eczéma atopique. Peu d’aliments peuvent en réalité être incriminés, et chez les jeunes enfants ce sera dans 90 % des cas le lait de vache, les œufs, le blé et le soja. Chez les plus grands, le lait de vache et les œufs ne sont plus que rarement mis en cause, mais d’autres allergènes apparaissent, par réactions croisées avec les pollens.
Selon certains auteurs, la présence d’IgE spécifiques ne serait pas nécessaire au déclenchement de la réaction allergique. L’eczéma atopique serait alors plutôt une forme d’eczéma de contact aux allergènes protéiques de l’environnement, par rupture de tolérance. A l’issu des tests de provocation orale à double insu (TPODA) deux types de réactions ont en effet été observés. Les réactions immédiates, les plus spectaculaires et a priori faciles à attribuer à l’ingestion d’un aliment : ce sont les réactions cutanées à type d’urticaire ou d’angioedème, de symptômes gastro-intestinaux, respiratoires ou anaphylactiques. Mais chez un certain nombre de patients, 6 à 48 heures après le test, une poussée d’eczéma survient, à la suite d’une réaction immédiate ou isolément. Certains travaux relatent l’association contemporaine des deux types de réactions. Pour le clinicien, toute la difficulté consiste à prouver la responsabilité de l’allergie alimentaire dans d’une poussée d’eczéma, à distance de l’ingestion de l’aliment en cause. Les indications d’une exploration sont en fait assez restreintes, et peuvent se limiter aux enfants présentant un eczéma atopique chronique sous une forme modérée à sévère malgré un traitement bien conduit. Le diagnostic se fera étape par étape en adoptant par exemple l’algorithme établi en 2007 par l’European Academy of Allergy and Clinical Immunology (EAACI) et le groupe européen Global Allergy and Asthma European Network (GA²LEN). L’interrogatoire des parents, les prick tests, le dosage des IgE spécifiques et les tests de provocation alimentaire ne diffèrent pas du bilan des allergies alimentaires immédiates. En cas de forte suspicion d’allergie retardée et si les résultats du premier bilan ne permettent pas de conclure, l’exploration pourra être complétée par les atopy patch-tests alimentaires (APT). Leur pratique est désormais bien protocolisée, mais, en dehors du Diallerstest® pour l’allergie au lait de vache non IgE-dépendante, il n’existe pas encore d’allergènes commerciaux standardisés. En cas de positivité de l’un des tests, il est alors possible de proposer un régime d’éviction pendant 4 à 6 semaines, puis en cas d’efficacité, un TPODA qui ne sera interprétable que si l’eczéma est soigneusement évalué par un score de sévérité  (SCORAD : SCORing Atopic Dermatitis). Bien que difficile, cette démarche diagnostique, présente un intérêt réel quel qu’en soit le résultat. En cas de positivité, elle permet la mise en place d’un régime d’éviction de l’aliment en cause. Mais si aucune allergie n’est retrouvée, elle évitera les régimes souvent imposés inutilement à ces enfants par leur entourage.

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