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Psycho-social

Publié le 05 fév 2009Lecture 8 min

Les nouveaux accidents de l’enfant et de l’adolescent. Pratiques et jeux dangereux

J. LAVAUD (1). COCHET (2) - 1 SMUR pédiatrique, Hôpital ecker-Enfants Malades, Paris - 2 Association APEAS, Paris
L’apparition d’engins nouveaux pour se déplacer ou pour les loisirs et l’utilisation incorrecte qui en est faite par de grands enfants et des adolescents rendent compte de nouveaux accidents, dont certains furent mortels. Il en est ainsi des quads et des mini-motos. De même certaines pratiques comme le jeu du foulard se sont développées chez les jeunes provocant des accidents parfois mortels.
Accidents de quad Le quad est un véhicule, entre motocyclette et automobile. Il rassure, à l’arrêt, par ses 4 roues à larges pneus, des commandes au guidon et de larges repose-pieds. Mais en mouvement, il en est tout autrement… C’est un véhicule sans protection ayant des pneus basse pression très instables ; il a une forte tendance à verser et à écraser son pilote, voire à l’éjecter, dans les montées, les descentes, les franchissements d’obstacles, et même… sur le macadam. Dans un avis du 14 septembre 2006, la Commission de sécurité des consommateurs (CSC) soulignait les risques inhérents aux quads pour enfants ainsi que les défauts de conception et de construction de ces engins. Le quad nécessite une technique particulière de pilotage, car dans les virages, il requiert de compenser l’absence de différentiel (leurs roues tournant toutes à la même vitesse) par le déplacement du corps. L’apprentissage de la conduite de tels engins est déjà difficile pour les adultes, est-il raisonnable d’en confier la conduite à des enfants de 4, 6, 8 ou 10 ans ? N’oublions pas en outre que les enfants en dessous de 9 ans ont des capacités visuelles et auditives particulières venant s’associer à leur faible gabarit (taille surtout), à des problèmes de coordination motrice et de compréhension des panneaux de signalisation pour le trafic. Ainsi pour limiter les risques du quad, il faut :  déterminer une réglementation applicable à cet engin ;  établir rapidement une norme (projet NF S 52-500) sur ces engins avec des exigences spécifiques pour ceux destinés aux enfants, avec, en particulier, une vitesse maximale adaptée aux capacités et aux compétences des très jeunes conducteurs, un freinage efficace et la protection des pièces en rotation (chaînes) ou à haute température (tuyaux d’échappement), actuellement insuffisamment protégées ;  fournir des notices et des pictogrammes d’utilisation clairs ;  n’autoriser la pratique de quad non homologué que sur des terrains privés. En résumé, quelques conseils sont nécessaires :  ne pas se fier à l’âge de l’enfant, mais s’assurer qu’il dispose bien des capacités et des compétences nécessaires pour piloter cet engin ;  faire suivre à l’enfant une formation préalable à la conduite du quad, dans des structures encadrées, uniquement sur des terrains privés ;  faire porter au jeune conducteur des équipements de protection individuelle (EPI) : gants, lunettes de protection incassables, chaussures montantes, vêtements non flottants, casque de moto homologué adapté à l’enfant ;  ne jamais transporter de passager( s) ;  réclamer, au moment de l’achat du quad neuf ou d’occasion, tous les documents concernant l’engin ;  se méfier des quads livrés en semi-kit.   Accidents de mini-motos Les problèmes sont identiques pour les mini-motos à ceux des quads. Certaines peuvent atteindre des vitesses de 50 km/h. Il n’existe pas de réglementation. Un grand nombre d’entre elles vient des pays d’Asie, notamment de Chine. Comme pour les quads, on notifie plusieurs accidents mortels chez des enfants de 8 à 13 ans, mais aussi des lésions thoraciques et abdominales avec les guidons, et des brûlures de jambe causées par les pots d’échappement non protégés. Beaucoup d’accidents traumatologiques sont dus au non-port d’équipements de protection (EPI). En conclusion, nombre d’enfants sont trop jeunes pour les utiliser.   Jeux de construction avec pièces aimantées Il s’agit d’un risque nouveau qui conduit à des occlusions organiques du grêle nécessitant une intervention chirurgicale. Le risque n’existe pas habituellement avec l’ingestion accidentelle d’une seule pièce ; en revanche, lorsque l’enfant ingère 2 à 3 pièces dans un délai très court, les pièces peuvent alors s’agglutiner par adhésion au niveau de leurs parties aimantées. Bien sûr, la radiographie sans préparation de l’abdomen est alors capitale pour repérer le corps étranger et décider du moyen d’extraction.   Les pratiques d’étranglement et le jeu du foulard Certes, il ne s’agit pas à proprement parler d’un risque nouveau, puisqu’une nouvelle de Jean Giono en fait état et que le premier cas mortel rapporté date de 1950. Nous devons dénoncer ces pratiques de strangulation avec les mains ou avec un lien quelconque avec vigueur, car elles sont responsables d’au moins 15 décès par an. Notons que si l’initiation se produit le plus souvent en groupe, à l’école, de la maternelle au collège, dans les centres aérés ou en colonies de vacances, c’est la reproduction de la pratique, seul à la maison, avec un lien, qui est responsable de la majorité des décès enregistrés. Les enfants recherchent par ces pratiques des sensations nouvelles, fortes : une impression de planer, des hallucinations visuelles très colorées, des mouches volantes, des bourdonnements d’oreille, une déconnexion de la réalité et des problèmes quotidiens pour certains. Ces symptômes sont la conséquence de l’hypoxie cérébrale, qui peut d’ailleurs provoquer une perte de connaissance, voire des convulsions généralisées. Les limites de ces pratiques de strangulation sont évidentes : l’enfant seul qui perdra connaissance ne pourra pas être sauvé ; le poids de son corps va compléter la strangulation, alors que l’enfant a le plus souvent les pieds ou les genoux au sol. La mort surviendra rapidement en quelques minutes ; si l’enfant est trouvé à temps et réanimé correctement, on peut le sauver ou aboutir à des séquelles neurologiques variables, en fonction de l’importance de l’anoxie cérébrale.   Enquête rétrospective des SAMU de France pour 2005 Afin d’avoir quelques données sur l’importance de ce problème et sur la gravité de ces pratiques, une enquête rétrospective des SAMUSMUR de France pour l’année 2005 a été effectuée. Le but est de pouvoir élaborer des documents de prévention et de conduite à tenir pour les enseignants. Quatre-vingt-dix-huit SAMU ont été interrogés par courrier avec un questionnaire relativement simple d’une page, pour permettre un maximum de réponses ; 70 réponses furent obtenues après 3 relances de courrier. Au total 16 cas ont été rapportés, mais 7 étaient réellement des suicides et n’ont donc pas été retenus. Cinq départements ont rapporté 9 cas. Tous concernaient des garçons âgés de 7 à 16 ans. Six décès ont été relevés, tous à la maison (7, 8, 10, 11, 11 et 12 ans) ; 3 ont survécu sans séquelles (15, 15 et 16 ans), la strangulation ayant eu lieu en centre de loisirs (pendu avec un foulard, pieds au sol), et dans la cour de collèges (étouffement avec les bras autour du thorax). Certains comportements de l’enfant peuvent aussi alerter les parents ou enseignants :  désir de connaître les conséquences d’une simple compression du cou par un copain ;  agressivité soudaine, violences verbales ou physiques ;  port d’un lien quelconque en permanence sur lui, dans sa poche, ses affaires (sac à dos, cartable), ou dans sa chambre sous son oreiller (ceinture de pantalon, de judo, de pyjama… ; corde ou cordelette, fil électrique… ; écharpe (par tous les temps…) ; foulard, etc.) ;  isolement, repli sur soi. Les garçons sont les plus enclins à ces pratiques, qui d’ailleurs regroupent 90 % des décès.   Que faire ? Nous tous, parents, médecins, enseignants, éducateurs, nous devons réagir et agir. Il n’est plus temps de dénier la réalité de ce problème. Des enfants et des adolescents sont actuellement en danger. Ainsi, 3 enfants de 10 ans sont décédés en Vendée en novembre 2007 et 3 autres âgés de 7 à 11 ans, en décembre de la même année à Toulon, Drancy et Rouen. Il faut informer nos enfants du risque mortel que constitue l’hypoxie cérébrale répétée, plus ou moins intense, et des possibilités de séquelles neuropsychiques et, à l’extrême, de la survenue d’une encéphalopathie majeure. L’Éducation nationale a reconnu le fait depuis 3 ans maintenant et convenu d’une augmentation de ces pratiques dangereuses. Un groupe de travail a été constitué en 2006 sous l’égide de l’Éducation nationale, avec en son sein des pédiatres, des psychologues, des pédopsychiatres, des enseignants. Il a permis d’établir des procédures et des recommandations pour les chefs d’établissements et le corps enseignant d’une part, avec une brochure et la mise en ligne sur le site internet « Eduscol ». Il existe une volonté ministérielle d’agir et de diffuser très largement l’information sur ces pratiques et jeux dangereux (Robien, Darcos), mais localement, au niveau des établissements, le déni et les résistances restent forts. Nous devons nous mobiliser pour faire reculer ce nouveau fléau mortel. Les associations de parents d’élèves doivent être des aiguillons pour recenser les cas révélés et susciter des réunions d’information et des actions au niveau des établissements. Les gendarmes et les policiers, notamment les délégués de prévention, doivent également agir en partenariat avec l’Éducation nationale et les associations de parents ayant perdu un enfant dans ces circonstances, comme l’APEAS. Ces dernières ont joué un rôle capital depuis 2002 dans l’alerte, la sensibilisation et l’information des pouvoirs publics, notamment des ministères de l’Éducation nationale, de l’Intérieur et des collectivités territoriales.  

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