L’alimentation du prématuré conditionne la santé pour toute la vie

Les études menées sur des cohortes d’adultes nés prématurément ne montrent pas (encore) d’augmentation d’incidence des infarctus ou des accidents vasculaires cérébraux, mais révèlent la présence de biomarqueurs précoces de l’altération des fonctions cardiovasculaire (rigidité artérielle notamment) et rénale (réduction néphronique) et de la tolérance glucidique. Nous savons que la vie intra-utérine et la toute première enfance sont une période de grande vulnérabilité. Il est ainsi probable que de nombreux stimulus (polluants, facteurs nutritionnels, exposition à un diabète maternel, hypoxie ou hyperoxie, rattrapage pondéral trop rapide, etc.) auront non seulement des effets à court terme, mais aussi un effet de programmation durable. Cette hypothèse du programming, qui relie les événements précoces du tout début de la vie avec la santé à l’âge adulte, est notamment étayée par la mise en évidence de modifications épigénétiques durables à type de méthylation de l’ADN et de modifications des histones pouvant conduire, par exemple, à un déséquilibre des facteurs proangiogéniques et antiangiogéniques.   Les adultes nés prématurément seraient donc exposés à un risque statistique, auquel s’ajouteront les risques de toutes les autres expositions issues de leurs habitudes de vie au fil des années. Le poids respectif de ces différents facteurs reste à déterminer.